Le clerc clériquant. – L’enseignement avant et après la Révolution. – Les maisons d’école. – Les instituteurs et institutrices.

Pour l’assister dans le service du culte, le curé avait à côté de lui le " clercq ", à la fois chantre à l’église et, parfois, à l’occasion, greffier des actes paroissiaux, en même temps chargé par lui d’apprendre à lire, écrire et compter aux enfants de la paroisse. C’est pourquoi, dans les textes, on l’appelle clerc clériquant, c’est-à-dire enseignant.

A quelle époque a pu exister l’école de Caullery ? Sans doute dès que cela fut possible au Chapitre de la Cathédrale, possesseur de la seigneurie de Caullery, qui avait parmi ses membres un Ecolâtre, chargé de veiller sur les écoles de Cambrai et de ses possessions.

Cependant, on ne possède de noms du clerc qu’à la fin du XVIIème siècle, pour les actes paroissiaux qui ne remontent pas au-delà de 1687 ; Mais si l’on s’en rapporte aux actes notariés antérieurs à cette époque, on peut constater sur les embrévures préparatoires aux actes sur parchemin qu’il y a au moins trois ou quatre des personnes citées, soit témoins, soit acteurs, écrivant leur nom correctement, parfois d’une façon assez élégante. On peut donc conclure qu’il y avait eu quelqu’un pour leur apprendre à écrire. Il n’est pas rare de voir dans les actes d’échevinage à la fin du XVIIème siècle, lors de la vente de biens appartenant à des mineurs, que le mayeur et les échevins imposent au tuteur l’obligation " d’allimenter l’orphelin – ou l’orpheline - , de lui faire apprendre un stil (métier), de l’envoyer à l’écolle pour apprendre à lire et escrire ".

Quoi qu’il en soit, le premier clerc connu est Paul Tassoux, qui mourut le 12 janvier 1746, à l’âge de 85 ans. Si l’on en juge par les actes paroissiaux et signés de lui, il était en charge dès 1687, car l’écriture de ces actes signés est pareille à celle des feuillets précédents. Il est encore en charge le 30 novembre 1740, à l’âge de 80 ans, alors que, témoin au mariage de Pierre-Philippe Delbar, fils de Pierre, censier, et de Marie-Reine Camus, avec Marie-Joseph Leducq, fille de Martin Leducq et de Marie-Reine Bauduin ; il signe " Paul Tassoux, magister ".

A la fin de ce mois de novembre apparaît le nom d’un nouveau clerc, Martin Visse, qui rédige aussi les actes paroissiaux. Au baptême de son fils Jacques-Joseph, le 3 mars 1742, qu’il a de Anne-Toinette Déjardin, sa femme légitime, il est encore appelé " clercq du village ".

Mais le 25 août 1744, est baptisée Martinne, fille de Marie-Thérèse Langlet, " musicienne ", dont le père est reconnu pour être Martin Visse. La mère comme le père avaient, quelque temps auparavant, été marraine et parrain du même enfant.

Et c’est comme charpentier que Martin Visse régularise sa situation, le 3 août 1747, en se mariant avec Marie-Anne Langlet, " fileuse ".

Devant pareille anomalie morale, pour ne pas dire plus, Paul Tassoux avait dû reprendre ses fonctions, car c’est en tant que " clercq de la paroisse " qu’il est inhumé en janvier 1746.

Dès 1747 apparaît le nom du clercq Jacques-François Delattre. Mais il semble que la paroisse jouait de malheur. Lui aussi fait baptiser, le 11 janvier 1750, une fille Catherine, qu’il a eue hors mariage de Marie-Françoise Leclercq, qui est la sœur du curé. Il régularise sa situation le 30 avril suivant, mais en tant que manouvrier que Jacques-François Delattre, âgé de 26 ans, fils de Jacques Antoine et de Marie-Catherine Delbare, de la paroisse de Jolimetz, épouse Marie-Françoise Leclercq, âgée de 35 ans, fille de J.-B., médecin à Landrecies, et de Marie-Thérèse Feuban. Ce mariage, qui lui fut imposé sans doute, ne faisait qu’aggraver le scandale provoqué le 31 octobre suivant, lorsque Jeanne Tassoux, petite-fille de l’ancien clerc, mettait au monde une petite fille,, Catherine, et que, par son serment prêté " devant Monsieur de Calonne, bailli du village ", Jean-Pierre Canesson, échevin, et le greffier du village qui enregistrait ses déclarations, elle affirmait " que cette enfant procédait des œuvres de Jacques-François delattre, le clercq du village de Collery ".

Dès 1751, Jean-Baptiste Trachet est clerc clériquant. Il le restera jusqu’à sa mort, arrivée le 8 septembre 1786, à l’âge de 57 ans. La charge d’échevin, qu’il exerça à plusieurs reprises, montre l’estime dans laquelle la population ainsi que le Chapitre le tenaient.

Il est remplacé par Maurice Dolez, qui s’était marié le 14 novembre 1780 avec Catherine-Julie Leducq, la fille de l’ancien Mayeur Jean-Baptiste Leducq, maître mulquinier, et de Marie-Anne Gabet .

Les signatures des hommes, plus nombreuses dans les actes paroissiaux que celles des femmes, prouveraient que les filles étaient négligées dans leur instruction parce qu’elles n’avaient pas d’institutrices.

On sait qu’avant la Révolution, et même au-delà encore, les parents d’élèves devaient payer une certaine contribution au clerc enseignant et, d’autre part, l’école n’avait lieu que pendant les mois où les parents n’avaient pas besoin de l’aide de leurs enfants dans les travaux des champs. A la vérité, si les enfants indigents pouvaient aussi recevoir l’instruction grâce aux ressources provenant des revenus des terres des pauvres, le salaire des clercs n ‘était pas suffisant pour lui assurer la subsistance pendant l’année entière. Bien souvent, comme à Saint Hilaire, où le clerc Willerval exerçait aussi la profession de mulquinier, les maîtres d’école devaient avoir un métier annexe. Ce fut le cas aussi pour Maurice Dolez, qui fut mulquinier, profession dont son fils Charles, qui fut maire de Caullery dès 1830, en amplifiant cette activité, fit la base de la richesse de la famille Dolez.

Maurice Dolez, qui exerçait toujours sous la Révolution ses fonctions d’instituteur et, en même temps, celles de percepteur, du moins encore en l’an III, c’est-à-dire en 1795, est assisté dans sa tâche par sa femme, Catherine Julie Leducq ; c’est en effet, en qualité de maîtresse d’école de cette paroisse qu’elle est marraine, le 17 août 1791, d’Antoine-Joseph Mairesse, le fils de Pierre-Henry Mairesse et de Marie-Françoise Delattre.

Une étude parue en 1879 dans le Bulletin de la Commission Historique du Nord, sur l’enseignement primaire dans le Nord, signale pour Caullery Paul Tassou, maître d’école de 1712 à 1746, et ses successeurs : J.-F. Delattre, J.-B. Trachet en 1751 et Maurice Dolez de 1787 à 1832. On sait que Paul Tassoux exerçait ses fonctions bien avant 1700 et que l’on doit compter parmi les clercs de Caullery un certain Martin Wisse.

Comparant les signatures faites par les hommes et les femmes dans les actes de mariage qui furent célébrés de 1750 à 1790, on y fait remarquer que, sur 110 mariages, 81 hommes ont su écrire leur nom et 44 femmes seulement. Pendant l’année 1789, sur 5 mariages, 4 homes signent, 2 femmes uniquement.

Pour comparer avec le village de Saint-Hilaire, où pendant la même période, eurent lieu 350 mariages pour lesquels 181 hommes ont signé et 87 femmes ; sur les 9 mariages de 1789, où 6 hommes ont apposé leur signature et une femme seulement, la proportion est plutôt en faveur de l’instruction donnée aux habitants de Caullery.

Cependant, si l’on en croit l’observation faite par la commune de Caullery dans la liste des fonctionnaires publics qu’elle envoie au District de Cambrai le 27 Frimaire an III (1795), " les instituteurs " - dit-elle – sont peu instruits, les écoles primaires sont assez fréquentées, il faudrait une méthode uniforme et fixer le maximum d’élèves pour chaque instituteur et un traitement fixe " (A.D.N. L. 6551). C’était reconnaître officiellement que l’instituteur devait s’adjoindre un autre métier qui lui permettrait de subsister toute l’année.

C’était sans doute dans son habitation particulière, à côté de son métier à tisser, de son " commerce " de mulquinier, comme c’était le cas dans presque tous les villages du Cambrésis, tout au moins, que Maurice Dolez, clerc laïque, comme il se désignait lui-même après la Révolution, distribuait l’instruction aux enfants de Caullery.

C’est seulement en 1883 que l’Etat Français se préoccupa officiellement de l’enseignement primaire, qu’il avait laissé jusque là aux soins des parents ou des municipalités, qui choisissaient eux-mêmes les maîtres d’école. C’est à ce moment qu’il s’occupa de régulariser officiellement la situation des instituteurs et ordonna aux communes rurales de bâtir des maisons d’école.

Il est probable qu’il en fut de même pour Caullery, quand Désiré Brissy succéda à " Maurice Dolez, fils d’Hubert Dolez, instituteur, époux de Catherine-Julie Leducq, décédé le 16 janvier 1832 ", comme le déclare Fidèle Mairesse, garde champêtre, par devant le maire Charles Dolez, fils du défunt.

Une délibération du Conseil Municipal du 7 mai 1844 signale que la commune fait assurer, contre l’incendie ; la maison d’école en même temps que l’église et le presbytère. Une autre du 6 juillet suivant, destinée à envoyer une demande de subvention au Conseil d’Arrondissement, précise que sa maison d’école est en cours d’exécution (c’est M. de Baralle qui en est l’architecte).

Le 10 août 1844, pour obéir à la loi du 18 juin 1833 et à l’ordonnance du Sous-Préfet du 11 juillet suivant, qui prescrit d’admettre gratuitement à l’école les enfants indigents, le Conseil Municipal lui signale qu’il y a 17 garçons originaires de la commune ; parmi eux, Zéphyr Mairesse, Célestin Vitoux, Norbert Vitou, Elisée Arpin, plus quatre autres enfants d’hospice et 13 filles, dont Augustine Mairesse, Alphonsine Mairesse, fille de Fidèle, et 11 filles de l’hospice.

Le 17 août suivant, en délibérant, le Conseil ne compte plus que 12 garçons, dont Zéphyr Mairesse et Pierre-Michel, son frère, Hubert Claisse, fils de Narcisse, et Charles Ledoux, et 11 filles, dont, parmi elles, Adéline Mairesse, fille d’Auguste.

Au 8 août 1847, les enfants indigents sont au nombre de 28 garçons, dont Etienne Quenesson, fils d’Etienne, âgé de 10 ans, et 25 filles, dont Augustine Mairesse, fille de la veuve Célestin, âgée de 8 ans.

Dans sa délibération du 16 février 1858, le Conseil Municipal fait remarquer que dans les dépenses faites pour l’école primaire, avec les rétributions maintenues à 1 franc par mois que doivent fournir les enfants payants et un traitement fixé à 200 francs, l’instituteur obtient un revenu de 600 francs, dont 69 francs seulement sont donnés par le Département.

Déjà à cette date, Emile-Alexandere-Aimable Vitou, fils d’Adrien, qui était venu de Ligny se marier avec Rose-Angélique Quenesson, avait remplacé comme instituteur Désiré Brissy, qui se déclare encore instituteur en 1843 dans un mariage où il est témoin. Emile Vitou, à l’âge de 25 ans, s’était déclaré fabricant à son mariage avec Marcelline Bourlet, âgée de 20 ans, fille de Joseph, le 20 janvier 1848. Mais à la naissance de son premier enfant, le 18 mars 1848, il est instituteur et habite rue de la Haut. Il allait exercer cette noble fonction jusqu ‘en 1882 tout en continuant de dépenser son activité à servir comme secrétaire à la mairie, jusqu’à sa mort.

Le 6 février 1856, après avoir constaté que la rétribution scolaire ne s’élève qu’à 277 francs, ce qui ne fait pour l’instituteur, avec son traitement fixe de 200 francs, qu’une somme de 477 francs, le Conseil Municipal décide de lui donner un supplément de 123 francs pour lui faire une somme totale de 600 francs, sur laquelle on demandera " au Département 62 francs pour dépenses ordinaires et obligatoires de l’instruction primaire ".

Au 18 février 1857, on demande à l’Etat 99 francs pour faire le traitement de 600 francs nécessaire à l’instituteur. Le 18 février 1858, la part de l’Etat dans ce traitement n’est que de 94 francs et seulement 40 fr. 52 le 11 février 1859, car la rétribution scolaire s’est montée en 1858 à 301 francs, de sorte que le Conseil Municipal ne doit fournir qu’un supplément de 99 francs pour atteindre 600 francs. Pour 1859, la rétribution scolaire se montait à 382 francs déduction faite des 3 francs de frais d’imprimés pour son recouvrement.

C’était encore le cas pour 1860, tandis qu’au 7 septembre 1860, le Conseil décide de demander au Sous-Préfet " un crédit de 200 francs sur les fonds libres de façon à créer " pour l’école de la commune les fosses d’aisance " qui lui manquent.

En 1861, si le traitement fixe de l’instituteur est toujours de 200 francs, on décide cependant de lui faire obtenir la somme de 800 francs à laquelle arriveront la contribution scolaire, toujours fixée à 1 franc, qui monte à 468 francs, et la part de l’Etat, fixée à 180 francs.

En 1862, le 14 février, les dépenses pour l’Ecole primaire pour 1863 sont évaluées à 929 francs, dont le traitement fixe de 200 francs, la rétribution scolaire qui monte à 425 francs, un supplément de 175 francs pour faire 800 francs qu’on veut allouer à l’instituteur, les fournitures classiques pour indigents, évaluées à 60 francs, plus 50 francs pour le chauffage de la classe, dont c’est la première mention, ainsi que 15 francs pour frais de distribution de prix.

Pour 1864, on décide, le 16 février 1863, de porter le traitement total de l’instituteur à 1.000 francs, dont 200 de fixe, 476 francs de rétribution scolaire et un supplément de 324 francs fourni par le Conseil Municipal. Les frais de distribution de prix sont évalués à 20 francs, tandis que les fournitures classiques aux indigents coûtent encore 60 francs et le chauffage de la classe, 50 francs. On sollicitera du Département une somme de 392 francs pour soutenir cette dépense.

Pour obéir à la circulaire du Préfet du 16 juin 1860 et à celle qu’il a faite encore le 25 octobre 1862 sur l’avantage de posséder une bibliothèque scolaire dans les communes, le Conseil Municipal, le 17 février 1863, à la suite encore d’un nouvel appel fait le 22 janvier précédent par le même Préfet du Département, décide de voter la somme nécessaire pour acquérir le meuble de la bibliothèque, " mais compte sur l’administration pour la garniture intérieure ", c’est-à-dire pour les livres à y mettre.

Le 8 février 1864, le Conseil envisage d’augmenter de 25 centimes la rétribution scolaire par les parents en les laissant libres d’opter pour un abonnement annuel de 12 francs.

Et c’est ainsi que la rétribution scolaire montait à 656 francs pour atteindre la somme de 1.000 francs destinée à l’instituteur, y compris le fixe de 200 francs ; le Conseil n’a plus à fournir qu’un supplément de 144 francs.

Les fournitures pour indigents montent à 40 francs et, en plus du chauffage de classe, toujours évalué à 50 francs, et les prix à distribuer à 20 francs, l’entretien de l’école coûte 20 francs et les récompenses aux élèves indigents qui fréquente le plus assidûment l’école nécessiteront aussi 20 francs.

Et le 16 mai suivant, à la suite d’une lettre du Sous-Préfet du 25 mars précédent, faisant remarquer que la commune ne possédait qu’une école mixte, bien qu’à raison de sa population de plus de 800 âmes, elle devait avoir deux écoles spéciales, le Conseil Municipal est appelé à délibérer pour la création d’une seconde école et l’installation d’une institutrice.

Il est en effet d’avis que l’école mixte est devenue trop nombreuse pour que les enfants des deux sexes puissent y être placés convenablement, eu égard à l’étendue de la salle de classe.

C’est dans cette salle, chauffée en hiver par un seul poêle, trop grande cependant pour le nombre des garçons écoliers que, parmi eux, à l’âge de 7 ans révolus, après avoir reçu des religieuses, depuis l’âge de deux ans, une instruction déjà bien solide, j’ai eu l’honneur d’acquérir de M. Charles Taillandier, puis de M. Joseph Delattre, un enseignement primaire qui, tout à l’honneur de ces maîtres d’école éminents, me valut en 1899, malgré une mauvaise écriture causée par une infirmité passagère, le prix cantonal au certificat d’études primaires, à Clary.

Charles Taillandier avait succédé en 1884 à Ernest Mailliet, qui avait remplacé depuis 1882 Emile Vitou. Charles Taillandier partit en 1897 pour Elincourt, puis ensuite, Masnières, où il prit sa retraite vers 1910. Il n’est pas besoin de dire qu’en 1899, alors qu’il était présent à Clary avec ses élèves d’Elincourt, j’ai pensé, bien que jeune et inexpérimenté, à exprimer à M. Taillandier toute ma gratitude et lui dire mon merci pour ce succès auquel il a fortement contribué.

M. Delattre fut instituteur à Caullery pendant six ans, jusqu’en 1903.

Le Conseil Municipal a donc décidé, le 16 mai 1864, d’imposer à la commune de Caullery une contribution de 6.000 francs, payable en dix années, afin de pourvoir à la construction d’une école spéciale de filles, car, jusque là, comme on a pu le constater, l’instituteur faisait seul la classe aux garçons et aux filles.

En fait, la seconde école n’était pas encore bâtie en 1867, car, dans sa séance du 19 mai, le Conseil Municipal charge le maire de se mettre en rapport avec un architecte pour les devis du bâtiment dont on n’a pas encore trouvé l’emplacement.

L’emprunt de 6.000 francs a été autorisé. Caullery a maintenant 878 habitants.

Entre temps, pour fournir à l’instituteur une somme de 1.000 francs, le Conseil Municipal décidait, le 17 février 1865, de fixer la rétribution scolaire à 1 fr. 50, en spécifiant que l’abonnement pourrait se payer 12 francs, 10 francs ou 8 francs, " suivant le nombre des enfants d’une même famille ". On aurait ainsi une somme de 663 fr. 25 et la commune n’aurait à fournir qu’un supplément de 130 fr. 75 pour faire le traitement voulu.

Le 21 février 1866, le Conseil Municipal décidait de porter à 1.200 francs le traitement de l’instituteur.

Le 23 juillet suivant, à la demande du Préfet, le Conseil " consent " à ce que l’instituteur fasse le soir des cours d’adultes ; Mais malgré la modicité du traitement de l’instituteur, ne peut faire pour sa part que lui donner 30 francs pour l’éclairage et le chauffage de la salle.

Le 14 février 1867, le Conseil confirmait que le traitement d’ensemble pour l’instituteur serait désormais de 1.200 francs.

C’est en 1868, suivant les Archives paroissiales, que la Commune accepta, pour faire l’école aux filles, trois congréganistes, sœurs des Ecoles Chrétiennes de la Miséricorde, dont la maison-mère était à Coutances. Le curé Dayez s’était engagé envers la commune à payer pour deux ans le local provisoire destiné à les recevoir, ainsi que le mobilier nécessaire.

En 1870, cette maison d’école provisoire s’écroula et les religieuses s’installèrent, disent les mêmes Archives " dans un local nouveau heureusement construit ".

Elles y restèrent jusque vers 1887, après que la loi organique du 30 octobre 1886 eut fait l’obligation de laïciser les écoles, c’est-à-dire de remplacer progressivement le personnel congréganiste par un personnel exclusivement laïque.

Les religieuses furent alors installées dans la rue d’En-Bas, en la maison Potard-Wargnier, qui présentait l’avantage d’avoir une belle cour et un bâtiment annexe qui servait de local pour l’instruction des plus grandes filles. L’école maternelle se faisait dans la maison même, sous la direction de la mère supérieure.

Lorsque le propriétaire, M. Potard, qui était douanier, annonça qu’ayant atteint l’âge de la retraite, il allait revenir habiter sa maison, il fallut trouver un autre local.

C’est alors que le curé Dupas acheta la maison Moity, située au chœur de l’Eglise de Caullery, la petite maison Charles Watelle et quelques bouts de terrain où il fit construire et aménager classes et demeure, où les sœurs enseignèrent jusqu’à la fin de 1905, après que le décret du 2 janvier 1905 eût interdit aux Congréganistes, même autorisés, tout enseignement public ou privé.

Les sœurs, qui avaient quitté leur costume religieux, s’installèrent alors dans la maison Vis, actuellement maison rénovée Laruelle-Ramette, où elles finirent leurs jours après s’être consacrées au service des malades et des pauvres.

L’une d’entre elles, qui était venue en 1889 de Saint-Hilaire-lez-Cambrai, où elle conserve encore des souvenirs fidèles, Antoinette Mallaret, en religion sœur Marie-Cléophas, eut à Caullery une grande influence par son enseignement donné aux grandes filles et son dévouement envers les malades. Elle fut enterrée en décembre 1911 au cimetière de Caullery, dans un terrain acheté par souscription, où le caveau et la dalle funéraire rappellent son souvenir et la gratitude de la population.

Dans les bâtiments de l’Ecole publique, que les religieuses avaient dû quitter, vint s’installer, vers 1889, Mme Rousseau, originaire de Montigny, qui, avec l’aide de Mlle Proy, de Malincourt, donna l’instruction primaire aux filles.

Elle y fut remplacée en 1897 par Mme Delattre, la femme de l’instituteur du même nom, jusqu’en 1803, date de leur départ à tous les deux.

Mme Edmond Tournay lui succéda, tandis que son adjointe, dès 1909, Mlle Gervais, de Malincourt, devenue Mme Bantigny par un premier mariage, puis, après 1919, Mme Paul Vitou, faisait l’école des filles en qualité de directrice depuis 1924 jusqu’en 1934. A cette date, elle fut remplacée par mlle Alice Normand, d’Haucourt, qui ne resta qu’une année dans ce poste, où Mme Lesigne-Carlier, qui existe encore, lui a succédé.

La classe enfantine avait été confiée, le 4 novembre 1926, à Mme Banse-Hutin, qui, après vingt-sept ans d’exercice de ces fonctions, a cédé la place à Mme Roch Demarcq, originaire de Clary, qui y est restée 4 ans, de 1953 à 1957.

Quant aux garçons, qui, depuis 1869, occupaient seuls la salle primitive de l’école, ils avaient eu pour maîtres, depuis lors, Emile Vitou jusqu’en 1881, Leleu de 1882 à 1884, Ernest Maillet de 1884 à 1888, Charles Taillandier ensuite, on le sait, jusqu’en 1897, et Joseph Delattre jusqu’en 1903.

Edmond Tournay, qui lui succéda, tint la charge jusqu’à sa retraite, en 1924, puis Jules Claisse de 1924 au 1er janvier 1927, Georges Webster de 1927 à 1938, Alexandre Ducatillon de 1938 à 1948 où, depuis le 1er octobre, René Trémon, actuel Directeur d’école, vint se dévouer à l’instruction et l’éducation des garçons.

 

C. THELLIEZ.

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