Les Curés ou desservants

La paroisse de Caullery, avant la Révolution, faisait partie du doyenné du Cateau ; son curé, on le sait, était nommé ou proposé à l’agrément de l’Evêque de Cambrai par l’abbaye d’Honecourt, collateur de la cure. C’est à cause de cela que les renseignements sur les curés de Caullery sont très fragmentaires ; en dehors de quelques mentions sur le curé, dans les registres capitulaires, rien de précis sur le curé, sinon dans les registres d’état civil, qui ne remontent qu’à 1687, et quelque peu dans les actes du ferme de la communauté.

C’est au 29 décembre 1533 que l’on voit dans les registres capitulaires la première mention du curé de Caullery (Ms 1070,f° 84 v°). Le Chapitre envoie à Caullery des juristes pour assister et conseiller les paroissiens dans le procès en justice que leur a intenté le curé. Deux ans plus tard, 20 septembre 1535 (Ms 1070, f° 206), les chanoines font une enquête sur les agissements du curé de Caullery qui aurait été dépouiller leur bois de Brisieux (entre Walincourt et Esnes). Si la chose est vérifiée, ils en référeront au seigneur d’Esnes.

Deux siècles après, on parle encore du curé de Caullery, à qui, par plusieurs reprises, le Chapitre fait parvenir quelques florins qu’il le charge de distribuer aux pauvres de Caullery et de Montigny. On peut rappeler à ce sujet qu’à la Révolution, le maire de Caullery faisait savoir au District de Cambrai que les pauvres recevaient, par l’intermédiaire du curé, 64 florins que le Chapitre réservait aux pauvres comme revenu du bien dit de l’annone (1), c’est-à-dire d’une partie du blé que le Chapitre percevait comme impôt sur ses terres.

Le Chapitre, en 1734, ayant converti en bois 8 mencaudées de terres labourables, charge son grand ministre d’indemniser le curé pour la dîme qui lui revenait sur ces terres. Le 20 octobre 1681, c’est encore sans le nommer qu’il donner au curé de Caullery le droit de planter des arbres sur les territoires de Montigny et Caullery, à condition toutefois qu’il ne puisse jouir des dépouilles qu’en temps voulu (Ms 1091, f° 327).

A moins que Jérome Ducq, " presbyter ", le prêtre qui contresigna en 1596 un acte de vente qui existe encore au ferme de Caullery, n’en fut le curé, ce serait en 1616 seulement que le premier curé de Caullery soit connu nommément. Il s’agit d’Antoine Doyen, qui, précédemment, avait été curé d’Haucourt jusqu’en 1609 et préside en 1616, comme curé de Caullery, l’assemblée où se fait la location des terres des pauvres et d’Eglise de Caullery.

Comme pour le sergent qui, à maintes reprises (notamment aux XVIIe et XVIIIe siècles), est le même pour Caullery et Montigny, il est vraisemblable que le curé de Caullery le fut en même temps de Montigny, où il se rendait par le sentier qui le menait en raccourci à travers les terres en passant au pied du moulin du seigneur de Ligny, remplacé actuellement par le château d’eau de ce pays.

Le fait est exact au moins pour le commencement du XVIIIe siècle, avec Mathias Prouveur, et aussi avec F.J. Descamps.

A cause de cela, il faudrait compter parmi les curés de Caullery Guillaume Péricard, que le Chapitre de Cambrai appelait à comparaître devant lui le 5 août 1565. Il était accusé d’avoir fomenté contre le Chapitre une rébellion ou sédition, de concert avec d’autres habitants de Montigny, un Jehan Lamouret, un Enguerrand Le Comte, et pour laquelle le mayeur Laurent Courtin et un autre habitant, P. Cardon, étaient emprisonnés à la Tour du Chapitre, à Cambrai (Ms 1074, f° 46). Cette rébellion avait sans doute été suscitée pour protester violemment au sujet de la dîme que le Chapitre percevait sur le terroir de Montigny. Quoi qu’il en soit, en 1687, Balthazar Hal, pasteur de Caullery, est parrain, le 27 décembre, de Suzanne Labbé, qu’il baptise. Ce parrainage marque sans doute le premier baptême qu’il fait dans la paroisse, la coutume étant que le curé fut le parrain de son premier baptisé.

Balthazar Hal rédige lui-même les actes paroissiaux en latin, au moins jusqu’en 1699. Par la suite, ces actes sont recopiés sans beaucoup d’ordre chronologique par le clerc Paul Tassoux.

Mathias Prouveur, originaire d’une famille de fermiers de Lieu-Saint-Amand, est curé de Montigny et de Caullery dès 1709. Il reste jusqu’en 1727 au moins, l’année où est bénite la cloche de l’église. Il est présent, le 31 avril 1715, à la pose de la première pierre de l’église de Maretz, qui remplaçait celle qui avait été détruite le 14 juillet 1712 par les Anglais, qui l’avaient incendiée en même temps qu’ils faisaient périr un certain nombre d’habitants.

Dès 1728, Joseph Leclercq est curé de Caullery. Il est valétudinaire et se fait remplacer par le vicaire de Ligny, F. Denise ou II. Duwez, ou bien par le frère Sylvestre de Rieux, récolet en 1728 ; par le père Jésuite Antoine d’Haubersart, en avril 1729, tandis que l’on cite encore Mathias Prouveur comme curé en mai et, qu’en septembre, Melchior Deleau se dit déserviteur, comme en avril 1730. En octobre et novembre 1729, F.-J. Descamps signe les actes comme " déserviteur de Caulery " et, en avril 1730, se dit encore déserviteur de Montigny et Caulery ; déserviteur, mot qui désigne le prêtre qui remplace temporairement le curé.

A la fin de février 1734, F.-J. Mairesse, prêtre, baptise par commission de Leclercq. François-Jh. Mairesse est le fils du mayeur Jean-Baptiste et de Marie-Anne Lefebvre ; il a eu pour parrain " messire " François Dartin, cannoine de Nostre-Dame de Cambray, le 23 juillet 1706.

Au 20 janvier 1735, c’est le vicaire de Clary, R. Bruneau, qui fait les cérémonies du baptême de Marie-Josèphe, fille de Magdeleine Ramette, " qui a déclaré étant au travaille d’enfant en présence de Marie-Anne Labbé, sage-femme, du maieur J.-Bte Mairesse, du Lieutenant Jacques Lestoquoy, des échevins Martin Leducq et Michel Lor, que ledit enfant provenait des oeuvres de Jean Batien, de la paroisse de Beauvoir ". Le mariage postérieur légitima l’enfant.

En 1737, Leclercq est encore remplacé par G. Vasseur, curé de Clary, ou son vicaire Bruneau ; en 1740, par G. Soriau, vicaire de Ligny ; puis par son frère François-Joseph Leclercq, à l’époque curé d’Hordain et qui mourra en 1769 curé de la Madeleine, à Cambrai.

En 1742, au 3 novembre, messire Pierre-Marie-Ghislain de Calonne de Beaufort, chanoine de Saint-Géry en Cambray, est parrain d’Alexandre-Michel Lor, fils de Jacques Lor, cordier, et de Marie-Catherine Coupé. C’est Alexandre de Bernières de Sainte-Honorine, chanoine de la métropole de Cambray, qui baptise par permission de M. le Curé " estant malade ".

Le 9 novembre suivant, Jean-Baptiste Hubinet, curé de Selvigny, doit encore faire à sa place le baptême de Pierre-François Delebarre, fils de Pierre et de Marie-Joseph Leduc.

Robert Delimal, religieux de Saint-Guillaume de Walincourt, le supllée en 1743 ; en 1744, c’est J. Soreau, vicaire de Ligny ; en 1745, Hubinet, curé de Selvigny ; en 1746, Saladin Alexandre, religieux récollet, Nicolas François Faboulier, chapelain de la métropole, lui rendent encore service. En 1767, le vicaire de Florenville, Tonnelier, fait un mariage à sa place. Dans les dernières années de sa vie, Leclercq dut avoir à demeure quelqu’un pour le suppléer, un vicaire, J.-B. Denimal, de 1750 à 1752, et J.-F. Brandehoux, en 1752. Ce dernier, en qualité de déserviteur de Caullery, signait avec " J.-B. Wautier, curé de Notre-Dame, doyen du District du Casteau ", natif d’Avesnes, pasteur très émérite de Caullery qui, après de longues et pénibles douleurs, s’était endormi dans le Seigneur à l’âge de 57 ans. "

P.-F. Brandehoux, déserviteur, appose sa dernière signature le 21 mai 1753, au baptême de Catherine-Joseph Lestoquoy, fille de Jacques et de Marie-Angélique Mairesse, dont le parrain est le jeune Pierre-Henry Mairesse, neveu de Marie-Angélique, qui signe Pierr Hanry.

Le successeur, Jean-François Chimot, natif du Quesnoy, fut nommé le 8 juin 1753. Sa première signature apparaît dans les actes le 8 octobre 1753. Il est remplacé par le prêtre B. Mairesse, le 18 juin 1754, au mariage d’Etienne-Joseph Mairesse, fils d’André et de Marie-Barbe Lestoquoy, âgé de 34 ans, avec Marie-Robertine Leducq, âgée de 33 ans, fille de Martin Leducq, l’ancien mayeur, et de Marie-Reine Bauduin, mariage qui avait nécessité une dispense de parenté du 3e degré.

La dernière signature de Chimot est du 22 décembre 1761, lorsqu’il enterra dans l’église, vers les 11 heures du matin, le corps de Marie Lestoquoy, décédée le jour précédent vers les 2 heures du matin, " femme en secondes nopces de feu André Mairesse, âgée de septante six ans ".

" En 1762, le 11 mars, vers les 11 heures du matin, était inhumé dans l’église le corps de maître Jean-François Chimot, curé de cette paroisse, natif de la ville du Quesnoy, décédé le jour précédent vers les 1 heure après midy, âgé d’environ 48 ans ", ainsi témoignaient Pierre-Charles Ramette, sans doute marguillier, J.-B. Trachet, le clerc, et A.-J. Basquin, vicaire de Ligny.

Depuis janvier, J.-A. Buzin, qui sera plus tard curé de Cattenières, signait comme déserviteur de Caullery. Au 24 juin 1762, Jacques-Joseph Dehollain, né à Cambrai, appose la première signature comme curé de Caullery. Dans le cours de l’année, il se fait remplacer tantôt par le déserviteur de Ligny, Basquin, ou par Jocaille, natif de Saint-Hilaire, curé de Selvigny, ou par Defossez, le curé d’Haucourt. En 1769, Denise, le vicaire de Ligny, fait un baptême à sa place. En 1772, Michel Dujonquoy est déserviteur de la paroisse pendant les mois de mars et d’avril. En 1777, Gervais Senez, vicaire de Ligny, signe quelques actes. En 1780, c’est Abraham, le curé de Montigny. Joseph Levêque, le vicaire de Ligny, l’avait remplacé en 1779, ainsi que le religieux recollet Louis-Alphonse Ferco.

Le 26 septembre 1781, Jacques-Joseph Dehollain comparaissait devant les Echevins de Cambrai, François-Joseph Lallier et Louis-Joseph Hubert, qui l’incriminaient au nom du prévost de la ville pour avoir dans l’acte de baptême de Marie-Prudence Déjardin, fille de Gisbert-Joseph, maître mulquinier, et de Marie-Prudence Anciaux, omis de signaler le nom de la marraine. Le parrain était Pierre-François Anciaux, l’oncle maternel. Mais il ne s’était pas présenté de marraine. C’était ce que certifiait aussi le clerc J.-B. Trachet, qui avait accompagné son curé et dont la signature figurait seulement sur l’acte de rédaction resté à la paroisse. Le curé était soupçonné d’avoir, par cette omission, tenté d’avoir voulu détruire les dispositions du Concile de Trente ; mais, comme il le fit remarquer, " la signature du clerc présent n’était pas exigée par la déclaration de 1736, et Trachet ayant apposé sa signature sur le registre du Magistrat de Cambrai, Jacques-Joseph Dehollain fut renvoyé hors de cause et de procès sans dépens. "

Jacques-Joseph Dehollain devait quitter la cure de Caullery le 10 juillet 1791. Sa dernière signature dans les actes est du 6 juillet. Il avait refusé de prêter le serment à la Constitution civile du clergé ; ainsi en témoignaient au District de Cambrai Joseph Bourlet, maire de Caullery, J.-J. Delbart, officier municipal, et Jean-Baptiste Lor, procureur. Il ne fut déporté que le 13 septembre 1792. On sait que la Municipalité de Caullery, en août 1792, avait demandé au District de Cambray de l’obliger, en qualité de gros décimateur, à réparer le choeur de l’église et d’employer à cet effet les 450 livres de la dîme de 1790, qui ne lui avaient pas été versées d’ailleurs.

Cependant, en 1791, il avait été remplacé encore par " Ferco, le récolet de Cambrai ", qu’il chargeait, en mars, de faire le mariage d’Etienne Bourlet, veuf de Laurence Marin, avec Marie-Thérèse Merliot, âgée de 36 ans, native d’Hem-Lenglet, et dont les témoins furent Joseph Bourlet, maire du village, son frère, " musquinier ", Toussaint Merliot, d’Hem-Lenglet, mulquinier lui aussi, frère de l’épouse, et Eugène Féron, maître d’école de Sauchi-Lestrées, son beau-frère.

Sorti de France, Jacques Dehollain émigra à Mons. Le 14 Floréal an V, ses biens lui étaient rendus à Cambrai et il était relevé de la déportation le 9 Germinal an VII. Le P. Hermenégilde, récolet lui aussi de Cambrai, l’avait suppléé en juillet 1791, tandis que Courtin, le curé de Ligny, qui avait prêté serment à la Constitution civile du clergé, remplaçait " le curé absent de Caullery du 25 juillet au 3 août ". Car, dès le 10 juillet 1791, Desjardin, prêtre natif du Gros-Dizy (Disy-le-Gros, Aisne), se présentait devant la Municipalité de Caullery avec le procès-verbal de son élection, proclamation et institution canonique de la cure de Caullery. Après lecture fait, on le requérait de se transporter à l’église de ladite paroisse pour recevoir de lui le serment porté en l’article 37 du titre 2° du décret du 24 août 1790 et d’être installé comme curé de la paroisse après avoir prêté le serment. C’est ce que certifiait le procès-verbal écrit par lui-même et signé par la Municipalité, qui fut envoyé au District de Cambrai (A.D.N. L 6932/25).

Il paraît bien, d’après les actes de catholicité que M.-F. Déjardin ou Noël Déjardin, comme il est appelé lorsqu’il assiste, le 7 novembre 1791, à l’adjudication publique ou location des terres des pauvres, ne resta pas plus d’un an curé constitutionnel de Caullery. Sa première signature dans les actes n’apparaît que le 12 août 1792, vendredi, et il écrit M.-F. Déjardin. Entre temps, le 26 juillet précédent, Sangnier, curé constitutionnel de Selvigny, l’avait remplace, puis Courtin, de Ligny.

Pendant l’année 1792, où 19 baptêmes, 13 sépultures et 2 mariages sont relatés, il a fait appel en plus à Bousis, desservant de Clary, et Bourgeois, desservant de Montigny.

D’après le registre des archives paroissiales, écrit par le curé Plouvier en 1854, qui recueillait les dires du maire Charles Dolez, qui avait connu Desjardin, celui-ci était une sorte d’athlète, plus militaire qu’ecclésiastique, assez ignorant en matière religieuse. Après son départ de Caullery, Desjardin alla être curé à Sons et Châtillon (Aisne). Ayant abjuré et devenu marchand, il fut cependant guillotiné quelque temps après ; Les registres du Diocèse de Laon ne portent pas son nom.

Mais le 15 août 1792, apparaît la signature d’un nouveau curé constitutionnel, Hubert-Joseph Claisse. Déjà vicaire constitutionnel de Neuvilly, fin 1791, il avait été envoyé dans la même qualité à Saint Aubert en mai 1792 et n’avait pas tout à fait 24 ans lorsqu’il arriva comme curé à Caullery, puisqu’il était né le 17 août 1768 à Forest, près de Landrecies. Le premier mariage qu’il fait est celui de Benoît-Joseph Pigou, originaire de Montigny, et de Marie Pochet. C’est Pierre-Michel Mairesse qui en rédige l’acte, étant d’ailleurs le seul témoin qui sait signer ;

Lorsque, le 19 septembre 1793, après que les registres furent remis à la Municipalité et que se font les mariages devant le maire Henry Bourlet, Hubert Claisse en rédige les actes en tant qu’officier public . C’est en cette qualité qu’il relate un accident pénible arrivé " le 31 mars 1793, an deuxième de la République (jour de Pâques) où, sur les trois heures de l’après-midi, sur le bruit de toute la commune assemblée en la maison de Pierre-Joseph Laude à effet d’y secourir un enfant du sexe masculin qui s’étouffait de la lumière du feu qui avait pris à son berceau ". " Au bruit de cette triste nouvelle, Hubert-Joseph Claisse, officier public de ladite commune, s’était transporté au domicile dudit Pierre Laude où, ayant été témoin oculaire d’un enfant brûlé, la mère dudit enfant lui a dit qu’il se nommoit Eloy-Joseph, âgé de dix-huit mois . "

Il est témoin avec Marie-Catherine Déjardin à la déclaration de la naissance d’Hubert-Joseph Leducq, fils de Pierre-Joseph et de Marie-Célestine Déjardin, et signe curé.

Il signe encore de pareille façon le 29 décembre 1793 vieux style, neuvième jour de Nivôse an II, et c’est encore comme curé qu’il signe l’acte de son mariage avec Marie-Catherine Déjardin, qui se fait le neuvième jour de la première décade du moy de Pluviôse de l’an deuxième ", 29 janvier 1794, par devant le procureur de la commune, J .-B. Mairesse, en présence d’Etienne Bourlet, fermier, 57 ans ; Jacques Bourlet, 38 ans, mulquinier ; Pierre-Joseph Leducq, 39 ans, devenu son beau-frère, et Maurice Dolez, l’instituteur, âgé de 37 ans, dont la signature " Maurisse " Dolez est inhabituelle et ne semble pas de lui.

Jeune et timoré, comme il devait l’être, Hubert-Joseph Claisse, bien qu’ayant prêté serment à la Constitution civile, avait craint d’être déporté suivant la menace faite par la Convention contre les prêtres qui garderaient le célibat.

Non seulement il s’était marié, mais, quelques jours plus tard, le 19 Pluviôse an III, il envoyait au District de Cambray, la déclaration suivante :

" Citoyens, frères et amis,

" En vertu de l’arrêté des représentants du peuple pour l’armée du Nord concernant la prohibition de toute assemblée quelconque, même sous prétexte de religion, je viens en personne déposer par écrit sur votre bureau mon abdication de mes fonctions publiques sacerdotales. Veuillez citoyens la recevoir comme un gage et une preuve de ma prompte et volontaire obéissance à la loi que j’ai toujours regardée comme la règle et la base de ma conduite. Salut et Fraternité.

" Claisse, ci-devant curé de Caulery. " (A.D.N. L. 6939/8.)

Hubert Claisse devient instituteur public de Bertry en fructidor an II, puis de Clary en l’an VI.

Aussitôt la proclamation du Concordat entre l’Eglise et l’Etat, en avril 1802, Hubert Claisse songea à profiter des dispositions par lesquelles Rome régularisait la situation religieuse des prêtres qui avaient abandonné le célibat et s’étaient mariés avant le 10 août 1801, ce qui était son cas. Dans un rescrit envoyé de Paris le 22 septembre 1803 par le Cardinal Caprara, légat du Pape, et transmis le 29 par l’Evêque de Cambrai Louis Belmas à l’abbé Charles-Louis Pagniez, nouveau desservant ou curé de Caullery depuis le 3 novembre 1802, Hubert-Joseph Claisse, qui avait quatre enfants, obtenait de pouvoir faire son mariage religieux, à condition de rester à l’état laïque, de ne plus pouvoir se remarier s’il devenait veuf et d’accomplir certaines pénitences. C’est pourquoi, le 6 décembre 1803, il recevait la bénédiction nuptiale par les soins du curé Pagniez qui, le dimanche 2 Floréal suivant - 20 avril 1804 – était parrain de Narcisse, fils d’Hubert-Jh. Claisse et de Marie-Catherine Déjardin, tandis que l’épouse du maire Henri Bourlet, Caroline Lemoine, était marraine.

Au cadastre de 1811, Hubert Claisse est inscrit comme percepteur à Maretz. C’est là que son fils Louis-Napoléon était né le 28 mai 1807. Mais, ayant eu quelques difficultés, il fut arrêté et séjourna quelque temps en prison à Douai ; " à la mort de sa fille Rosalie, âgée de 18 ans, le 14 mai 1816, le père Hubert Claisse est à la maison d’arrêt à Douay. "

Le curé Plouvier écrit qu’Hubert Claisse, " condamné à la prison pour concussion et faux en écritures lorsqu’il était percepteur, écrivit un long mémoire pour sa défense, qui peut faire croire à son innocence bien que son style laisse à désirer ". Hubert Claisse a peut-être été victime de son ignorance ou de sa confiance en autrui.

Quoi qu’il en soit, revenu à Caullery, il cultiva les terres qu’il possédait, environ 119 ares 54 centiares en huit morceaux, que le cadastre de 1811 lui attribue, en même temps que la maison qu’il habite rue du Coin, appelée alors rue de Ligny, et qu’on pourrait identifier avec celle de feu Jean Lestoquoy.

Les anciens peuvent se rappeler avoir entendu dire par leurs parents ou grands-parents que l’on voyait partir aux champs Hubert Claisse plongé dans son gros bréviaire, dont la lecture lui avait été imposée comme pénitence et qu’il accomplissait journellement.

Il signe comme témoin très souvent, dans les actes paroissiaux, à côté du clerc Maurice Dolez, et sa conduite resta exemplaire.

C’est à l’âge de 66 ans qu’il mourut, le 22 novembre 1836, sans profession, époux de Catherine Déjardin, en sa maison rue de Ligny, suivant la déclaration faite à la mairie par son fils Louis, tisseur, âgé de 37 ans.

L’abbé Pagniez, dès son arrivée à Caullery, comme desservant ou succursal, comme le désigne la mairie, s’occupa de régulariser beaucoup de mariages faits civilement sous la Révolution et de baptiser les enfants qui n’avaient pu recevoir le sacrement de Baptême pendant les dix ans où la paroisse avait été sans pasteur.

Cependant, dès 1797 tout au moins, elle avait été visitée par un missionnaire clandestin, l’abbé Liebert Coupé, ex-récollet, qui exerçait le culte catholique en cachette dans les maisons particulières, mais avec l’agrément de l’Archevêque, Mgr de Rohan, toujours en exil, qui avait, le 14 juillet 1797, institué et organisé sous le régime des missions, dans chaque décanat de son diocèse, un vice-doyen auquel était adjoint un missionnaire. Caullery, avec Ligny, Clary et Montigny, faisait partie de la deuxième section du Cateau. C’est ce qu’a révélé le contenu de la valise de l’abbé Coupé, conservée aux Archives de Valenciennes, où, après son arrestation, le 29 mai 1801, l’abbé Coupé avait été conduit en prison. On sait que, libéré sous caution d’Albert de Villers au Tertre, l’abbé Coupé finit ses jours le 10 avril 1820, à l’âge de 73 ans, comme curé de Rieux, laissant une mémoire bénie.

Dans son registre paroissial de 1802-1803, l’abbé Pagniez a inscrit 32 baptêmes alors qu’il n’y a que 16 naissances déclarées à l’état civil. Parmi eux, trois filles d’Hubert Claisse : Rosalie, âgée de 7 ans, Adélaïde 5 ans, Catherine 2 ans, baptisées en même temps que Catherine Delattre, âgée de 2 ans ; Marie Pezin, âgée de 10 ans, fille de Jacques, baptisée le dimanche 2 Thermidor avec sa sœur Louise, 6 ans, son frère Etienne-Alexandre, 4 ans, ainsi que Jeanne-Marguerite, âgée de 18 mois, fille d’Alexandre Arpin et de Marie-Rose Leduc. En 1806, il fait encore 24 baptêmes, alors que 19 naissances sont déclarées à la mairie, " le sieur Dehon, ci-devant vicaire de Clary, actuellement desservant d’Anneux, lui fait parvenir l’acte de baptême qu’il a fait l’an XI de la République, le 5 Nivôse (25 décembre 1803), d’Etienne-Jh Bourlet, fils de Louis et de Catherine Leduc ". En 1806, il donne la liste " des enfants âgés de 4 ans et plus que les parents avoient négligé de présenter au Baptême jusqu’à présen ". Deux sœurs, le 24 mai, filles de feu Vaillant et de Caroline Ramette ; trois filles de Placide Delattre et d’Elisabeth Maillard, et deux fils de J.-B. Lestoquoy et de Marie-Florence Ramette, le 26 mai, Constant et Etienne. Cependant, il ajoute à la fin de son registre : " Notez que l’on en trouve encore beaucoup qui n’ont eu que l’ondoiement avant mon arrivée, et qui se refusent opiniâtrement à recevoir les onctions. " Peut-être avait-il fait cette remarque en public, ou bien les parents se sont-ils décidés par la suite de faire ces actes publics. Toujours est-il qu’à la fin de l’année 1807, l’abbé Pagniez donne une liste de quelques enfants âgés de 10 ans et au-delà, lesquels n’avaient pas encore été présentés ; ils sont 21 qu’il baptise le même jour 2 octobre ; Parmi eux : Pierre-Joseph, fils de défunt Laude, maréchal, et de Caroline Lor, et Louis, fils de Scholastique Quenesson.

Si l’on s’en rapporte aux dires de Ch. Dolez, consignés par l’abbé Plouvier, l’abbé Pagnier devait dire la messe dans sa maison pendant " les cinq années de son ministère ", et son zèle n’eut pas tout le talent voulu, " car c’est sous son administration que le protestantisme est venu s’implanter à Caullery ". Son successeur, Augustin Soyez – Monsieur Soyez, comme disait Charles Dolez – " méritait tous les éloges que l’on peut donner à un prêtre ". Il semble que Charles Dolez avait perdu au moins la notion des dates, car Ch.-Louis-Albert Pagniez fut curé de Caullery presque huit ans, du commencement de 1803 au 24 novembre 1810, date à laquelle il partit pour Cauroir, où il devait mourir le 24 octobre 1850 ; et pour son action sacerdotale, les registres où il a consigné les régularisations d’état religieux, pour les époux, parents et enfants, montrent que, bien qu’  " ancien militaire ou dragon ", Ch.-Louis-Albert Pagniez fut un zélé pasteur.

Son successeur, Augustin Soyez, resta curé de Caullery jusqu’en 1837. Il avait été avant la Révolution " religieux de Presmontré, profetz de Valsery, vers Soissons ". Charles Dolez dit qu’il habitait Ligny et séjournait quelquefois à Caullery., ce qui explique, dit le curé Plouvier, qu’il ne comprenait pas les restaurations à faire. En tout cas, c’est dans la maison de son petit-neveu François Bauchard, à Ligny, qu’il décédait le 6 février 1837.

Dès le 20 février, il était remplacé par Augustin Chrétien, qui eut la joie de faire bénir une nouvelle église, mais en partit le 30 juin 1839, date à laquelle Florimond-Léonard Canyn lui succédait.

Le 20 juillet 1844, Louis-Augustin Sonneville venait être curé de Caullery et y restait jusqu’au 1er mars 1852, date à laquelle il prenait sa retraite. C’est l’abbé Jean-Louis Plouvier son successeur, qui commença le registre paroissial, qui est le seul encore existant, et dont il écrivit les pages de 1852 à 1859, qu’il intitula " Souvenirs " que Désiré Dayez, son successeur, continua de 1959 à 1883 et Rémy Fasseur de 1883 à 1888. Jean-Louis Plouvier partit à Béthencourt le 4 novembre 1859. Désiré Mathieu Dayez, originaire de Saint Saulve, resta à Caullery de 1859 jusqu’au 9 juillet 1883, où il partit pour la cure de Rieux. Désiré Valéry ou Rémy Fasseur, qui le remplaçait, partait pour la paroisse d’Erre, le 21 mars 1888 (j’ai eu l’honneur d’être son dernier baptisé) ; En 1911, il quittait Erre pour être aumônier de l’Hospice d’Aniche, où il mourait vers 1920. L’abbé Auguste Dupas , qui lui succéda, eut le mérite de bâtir à Caullery une splendide église ; il mourait en janvier 1908, terrassé en quelques jours par une congestion pulmonaire, à l’âge de 58 ans, en pleine activité., bien que les fatigues qu’il avait éprouvé dans ses nombreuses courses pour recueillir les fonds nécessaires à la construction de l’église lui avaient amené la perte d’un œil.

J.-B. Dutoit, qui lui succéda, ne resta à Caullery que l’espace de trois ans, jusqu’en 1911, où il était remplacé par l’abbé Aimable Beccue, qui partait pour Walincourt en 1922. L’abbé Leon Leveaux, qui lui succéda, en venant d’Escaufourt, eut la charge de rebâtir l’église détruite par les Allemands lors de leur retraite. Il mourait le 16 mars 1957 et l’abbé Paul Calot, le curé actuel, quittait la paroisse de Sainte-Olle-Raillencourt pour venir exercer son ministère pastoral à Caullery.

           

(1) Les biens de l’annone consistaient en une pièce de 50 mencaudées de terres sur le terroir de Montingy, exploitées en 1765 par Henry Mairesse de Caullery pour un bail de 18 ans, pour un fermage annuel de 88 florins et 3 doubles par an. Il remplaçait Charles Crinon de Montigny.

Cette pièce de terre faisait partie d’un marché de terre comprenant en tout 164 mencaudées, 1 boitellée et 16 verges de terre, avec un petit dimage sur 24 mencaudées, dont les deux tiers ressortissaient de l’office des Prévostés du Cambrésis, et de celui des petits vicaires de la Cathédrale.

En 1764, Colin Gabet de Montigny, remplaçait Jean Thelliez du Tronquoy, dans cette occupation. En 1767, Robert Millot, fermier du Tronquoy, y remplaçait Ch. Crinon (Archives hospitalières de Cambrai - Fonds de l’aumône du Chapitre N.D. XVIII E 1220 p. 185 registre) (Retour)

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