Dans le village même, indépendante des
sires de CAULLERY, existait la seignerie du Sartel, dépendant de celle de Velu en Artois,
ce qui a pu faire dire par confusion à certains auteurs que la famille seigneuriale de
Caullery était originaire dArtois.
Le Sartel " avait son siège ou
chef-lieu en une motte de terre séant audit Caulerie contenante trois boitelées de
présent en jardinage que tient en fief Laurent Delattre au jardin nommé
saisinnières " et comprenant un ensemble de 24 mencaudées de terres
labourables aux villages et terroirs de Clary, Caulerie et la Saultière apendances et
dépendances suivant la déclaration ou dénombrement quen fait, le 29 octobre 1701,
Pierre-Joseph de Bourchault, licencié en droits, sieur dErquennes en Flesquières,
à Louis-Joseph de Couronnel de Mailly, escuier, seigneur de Velu,
Berguigeneuze " (A.D.N. 36 H 789). Bergeneuse est commune du canton
dHeuchin (Pas-de-Calais).
" Ce fief et noble ténement,
ajoutait P.J. de Bourchault, est à moy advenu par trespas de Philippe Bourchault, mon
père, premier conseiller pensionnaire de Cambrai, ma résidence par achat quil a
fait à Robert Pellé (Pelet), escuier, seigneur du Sartel, par lettres scellées
dArtois le 4 septembre 1693. " Pierre-Joseph de Bourchault étant
décédé le 24 avril 1747 à Cambrai, le Sartel passa en la famille Fremin, qui en porte
encore le nom et en possède encore quelques terres, notamment uax confins des terroirs de
Clary et Caullery, sur lancien chemin, ou voie de Clary, presque en face de
lancienne Râperie, exploitées encore par la famille Drecq, qui a remplacé les
Leducq, occupeurs pendant plusieurs siècles avant la Révolution.
Dans le dénombrement dont il faisait faire
les devoirs le 22 janvier 1702 " par Floris de Lalaing, demeurant à
Velu ", J. de Bourchault déclarait " 24 mencaudées et 1 boitellée
en trois pièces, dont la première contient 15 mencaudées tenant à 12 mencaudées de
Guillaume Leduc, au lieu dHubert Lamouret, à 3 mencaudées de Pierre-Quentin Paris,
à 1 mencaudée de la cure de Caullery, et à la voye allant de Clary à Ligny; la
deuxième pièce contenant 9 boistelées tenant à 1 mencaudée de Blaise Mairesse, et
dun bout aux 15 mencaudées précédentes; la troisième pièce contenant 7
mencaudées tenant à trois mencaudées du Chapitre de Cambrai, à 2 mencaudées des hoirs
Ozée Hennino, Cy devant lesdittes terres contenaient le nombre de 52 mencaudées et 1
boitellée desquelles 28 mencaudées sont dès présent appartenant à Paul Leduc par
achat quil en a fait cy devant audit sieur Pellée, ancien seigneur du
Sartel ".
Paul Leducq, mayeur de Caullery en 1691,
avait consenti, le 7 novembre de la même année, à la cession faite dans la part de
mariage de Blaise Mairesse faite par son père Nicolas, époux de Mary Leducq, sur
de Paul, dun fief de 5 mencaudées venant delle dépendant de la seigneurie du
Sartel, dont 1 mencaudée tenait au chemin allant de Clary à Walincourt (Arch. Notariales
Jh Pagniez, Cambrai). Cétait la part dhéritage de Mary dans ces 28
mencaudées rachetées à Robert Pelet du Sartel.
Le fief entier était tenu " de
mondit seigneur de Velu à cause de saditte terre et seigneurie de Velu, au relief de
cheval et arme et soixante sols de cambellage quand le cas y eschet à chaque ouverture
(changement de propriétaire) avecq le cinquième denier (droit de mutation) en cas de
vente, dons transport eschange ou alliénation du dit fief en total ou partie
diceluy. Etant aussi submis à cause de mondit fief au service de court et plaids en
la cour de mondit seigneur audit Velu, y étant deuement évocqué à tour de rolle avec
mes pairs et compagnons. Pour laquelle justice maintenir et y conserver jay bailly
eschevins et tous officiers compétens comme à pareil seigneur vicomtier complète et
appartient ". Au cours du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe siècle,
les membres de la famille Leducq sont cités souvent comme baillis du Sartel.
Le Sartel avait son lieu patibulaire de
justice situé sur une boitelée de terre que tenait en 1702 Jean Bricout,
cest-à-dire lendroit où étaient punis les coupables. Le seigneur de Sartel
avait aussi " un droit de dîme et terrage à lencontre du sieur de la
Motte à cause de se seigneurie de le Saultière " Clary) sur 18 muids et
2 mesures de terre (le muid valait 16 mencaudées; il fallait 6 mesures pour faire une
mencaudée) " avec tout droit de justice et seigneurie portionnel à
lencontre du seigneur de Walincourt, souverain seigneur de la
Saultière ".
" Douze chapons de rente foncière
et annuelle sur certains manoirs à Clary, le seigneur de Walincourt tient de moi un
relief de cheval et armes se consistant en toute la justice et seigneurie de la Saultière
et la moitié des dits 18 muids et 2 mesures de terre; Marguerite Wirssormie, dame de
Hembergues, un relief de 60 sols parisis et autant de cambellage que les occupeurs
veullent scandaleusement dire estre tenus seulement de Caulerie. Est aussi mon homme pour
un fief à pareil relief et cambellage en 60 mesures de terres labourables et terrage
Arnould dEstienhaut en action de Marye de Haynecourt, sa femme; Géry Foullon de
Cambrai a pareil fief et cambellage en rente annuelle de 7 chapons et demie mesure
davoine en chacun an sur plusieurs manoirs à Clary, et moyen fief le sieur Liévou,
chanoine de Sainte-Croix en Cambray, sur 6 mencaudées tenant à 28 de Paul Leduc; pareil
fief Guillaume Leduc sur 12 mencaudées qui furent Hubert Lamouret tenant à mes 15
mencaudées de la voie de Clary à Ligny et à 6 mencaudées du sieur Bourdon, médecin à
Cambray, au lieu du sieur de Layens. Est aussi mon homme Blaise Mairesse à cause de sa
femme sur 3 boistellées de terre en jardinage audit Clary (on sait que Blaise Mairesse
avait épousé en 1691 Jeanne Dubois de Clary) tenant au jardin Jonas Millo à la ruelle
Hannon, au jardin Toussaint Millo; item Toussaint Milot un fief à pareil relief et
cambellage sur 3 boistelées, à celui de Pierre Gabez et faisant front sur la place dudit
Clary. "
Jean-Baptiste Mairesse (de CAULLERY, frère
de Blaise) a fief à pareil relief et cambellage contenant 14 mencaudées tenant aux hayes
de la Saultière, au chemin dudit lieu allant à la Croisette, dautre à plusieurs
fiefs de Gilles Leclercq.
Martin Paul au lieu de Michel, son père, a
pareil fief contenant 6 mencaudées et une boitelée tenant aux 28 mencaudées de Paul
Leduc et au chemin de Clary à Walincourt.
Une rasière de terre annexée à la cure de
Caullery tenant de deux sens aux 28 précédentes et aux 6 mencaudées 1 boitelée pareil
fief.
Item Marye-Anne Mairesse, fille
dAntoine (frère de Blaise et de Jean-Baptiste), demeurant à Cambray, un fief
pareil de 6 mencaudées 1 boitelée tenant à 20 de la cense de la Saultière et à la
rasière de la cure de Caullery; Jean Bricout (de Caullery) tient à pareil fief une
boitelée de terre nomée le lieu patibulaire de la justice de la seigneurie du Sartel
tenant au fief de Liévou; Jonas Gransart, 5 mencaudées tenant aux hayes de la cense de
la Saultière et à la ruelle allant de la cense au bois de Walincourt. Nicolas Lenglet à
cause de sa femme un droit de terrage sur 11 mencaudées a reconnu à cause des anciennes
guerres ".
Tel était en 1701 lensemble des
terres, droits et rentes qui composaient la seigneurie du Sartel. A vrai dire, on ne
rencontre mention de cette seigneurie que dans le milieu du XVIe siècle. Au 29 juin 1551
(Ms 1072, f° 219 vo), les registres capitulaires notent que les chanoines vont
soccuper dun certain habitant de Caullery sur lequel un certain Hennicq
" se portant comme bailli du seigneur de Preux (au bois), a fait saisir certaine
terre. Il sagit sans doute de Julien Millot, ainsi obligé de faire à Pierre
Hennicque, bailly de noble et très honoré seigneur Philippe de Boufflers, escuier,
seigneur de Pryeux au Bois et de la terre jurisdiction et seigneurie du Sartel en Caulery,
parie de Clary et la Sottière en Cambrésis, le 4 août 1551, déclaration du fief liege
quil tient tant en son nom que comme mary et bail de Anne de la Vingne, sa femme, à
Caullery, noblement de la terre et seigneurie de Velu en Arthois ".
Ce fief, que Julien Millot avoue "
tenir de son honouré seigneur ad cause de son dict fief terre et seigneurie du
Sartel ", consistait en 1 mencaudée de terre en jardinage " amazé de
maison manable estables et aultres eddifices séans en ladite ville de Caulery, de 60 solz
parisis monnoie dArthois de relief et autant de cambellaige quant le cas y
eschiet ". Il avait pour limites lhéritage Bertrand de Lattre,
lhéritage Rémy de Gorre et le bosquet de messieurs du Chapitre. Ce fief
appartenait à Millot et à sa femme en vertu de " larrentement perpétuel
que leur en a fait ledit seigneur à la charge de 15 patars monnoie de Flandre de rente
chacun an, payable par moitié aux termes de Noël et St Jehan-Baptiste ". Pour
sceller cet " acte écript sur parchemin en lettres saines et
entières ", Millot emprunte le " scel de Pierre de Rond, homme de
fief de la dicte seigneurie ".
La maison de Boufflers, daprès Le
Carpentier (part. III, pp. 287-290), serait originaire du comté de Ponthieu. Un Philippe
de Boufflers, sans doute aïeul de celui dont fait mention lacte de dénombrement,
eut comme parrain le duc de Bourgogne, qui lui donna son nom; une Béatrice de Boufflers
avait épousé à cette époque un Robert de Mailly : ce serait lorigine de la
suzeraineté reconnue en 1701 par G. de Bourchault à Louis Jh de Couronnel de Mailly.
Le Sartel avait été confisqué en 1597 par
Philippe II, qui avait donné en même temps à Charles de Martigny la seigneurie de Preux
au Bois, possédée par Guislain de Boufflers, " félon ", qui avait
pris parti contre le Roi dEspagne (A.D.N. B 1597).
Dès 1646, la seigneurie appartenait à
Robert Pelet, qui, en qualité de bailly du Chapitre, avait pris à ferme lafforage
(impôt sur les boissons) pour les terres du Chapitre à Caullery, Montigny, Clary,
Carnières, etc...; cest peut-être de cette charge que profitaient les occupeurs
des terres du Sartel pour les dire, en 1707, " scandaleusement terres de
Caullery ", dont le Chapitre était seigneur.
Cest un procès pour éviction de
location de terres entre labbaye de Saint-Aubert de Cambrai et le fermier sortant
qui a permis de retrouver la dépendance de la seigneurie du Sartel de celle de Velu en
Artois par les aveus des dénombrements de 1551 et de 1701.
Labbaye de Saint-Aubert possédait,
dépendant du Sartel, 19 mencaudées sur le terroir de Caullery, quelle avait sans
doute acquises de la famille Leduc vers le milieu du XVIIIe siècle.
Par un bail du 26 mars 1773, elle les avait
affermées à Michelle-Thérèse Hennino de Clary, veuve de Nicolas Mairesse, sans doute
descendant de Blaise, pour neuf ans, moyennant un rendage de 20 mencauds de blé par an.
Elle en avait joui bien avant, la première récolte ayant été faite en 1767, et le bail
avait été reconnu par les parties comme devant finir en 1775 pour la neuvième et
dernière récolte.
Labbaye avait cependant souffert que
la veuve Mairesse fit une dixième récolte, mais, le 18 septembre 1776, elle avait
affermé ces terres à Pierre-Henry Mairesse, le mayeur de Caullery, où il était fermier
des terres du Chapitre. Labbaye en informa la veuve de Nicolas Mairesse qui
savisa, malgré cela, de faire faire par son neveu Ferdinand Millot, de Clary,
quelques culture sur une partie de 15 mencaudées. Bien mieux, lui, ou plutôt sa tante,
avait négligé de payer le fermage, ce qui avait nécessité une saisie dablais
(récoltes).
Par exploit du 21 février 1777,
labbaye lui avait fait défendre de soccuper desdites terres en lui offrant de
lui rendre ses labours; par erreur, elle lavait assigné devant les bailly et hommes
de fief de la justice de Walincourt et Clary, où la veuve ne comparut pas, mais le
jugement contre elle fut rendu par défaut le 11 avril suivant. Pierre-Henry Mairesse
sattendait à exploiter sans trouble, mais Ferdinand Millot ensemença sa partie et
fit des menaces à P.-H. Mairesse en lui faisant porter du tabac pour y donner plus de
poids. Le 20 juin 1777, labbaye, daccord avec P.-H. Mairesse, présente
requête afin de signifier à Millot de se désister en lui offrant même, sil se
désistait, de lui restituer ses frais de labour et ses semences. Comparaissant le 14
juin, Millot offrit de se désister " des 18 mesures de terre moins une
boistellée quil occupait seulement faisant partie des 19 mencaudées, mais il
fallait lui payer 324 voitures de fumier à raison de 18 voitures à la mencaudée,
nayant dépouillé quune récolte à bled en 1776, il avait fait mettre 35
mannes de cendres noires de Saint-Quentin sur 17 mencaudées avesties en hivernage et
lentilles, quil navait fait aucune menace, que le tabac cétait en
badinant pour le remercier davoir mis la charrue dans les dites terres avant
quil nait eu leur défense de le faire alors quil sattendait à
les exploiter ".
Labbaye et P.-H. Mairesse acceptèrent
les offres de Millot, mais, par rapport au fumier, estimèrent quil ny avait
été mis que 148 voitures environ sur 7 boistellées et soutinrent quils ne
pouvaient restituer le fumier, que cétait la première fois quil en faisait
la demande et que, dautre part, se prétendant concessionnaire de sa tante, il
devait à sa place mettre pendant le courant du bail une pleine fumure.
On lui paierait les 35 mannes de cendres
noires et quelques labours et semis; quant aux menaces, le fait quil avait envoyé
du tabac suffisait à justifier ce quils avaient dit.
Les hommes de li de la justice du Sartel,
par jugement du 14 août 1777, donnaient acte à Millot des offres des 35 mannes, labours
et semences à payer, mais admirent à vérifier les fumures pour payer ce qui en serait
jugé, déduction de ce qui avait été consommé pour la récolte de bled.
Mécontente de la sentance de la justice du
Sartel, labbaye se pourvoyait devant le Parlement de Flandre, de qui elle croyait
que ressortissaient les appellations du jugement de la justice du Sartel en Clary. Pour
démontrer que la justice du Sartel navait pas raison en déclarant Millot
recevable, elle fournissait une attestation de la Torre Butron, baron de Rémy, du 16
octobre 1777, disant quil avait congédié Philippe-Antoine Taisne, son fermier du
Fay en Troisvilles, à lexpiration du dernier bail de 392 mencaudées de terre lui
appartenant, quil navait payé aucune fumure et que le fermier nen avait
pas réclamé lindemnisation. Un fermier de " Basuelle en
Cambrésis " certifiait aussi que sorti dune ferme de 100 mencaudées à
Masighien appartenant à Monseigneur lArchevêque de Cambray, il navait rien
reçu pour les fumures. De même, N. Vallez, censier à Bévillers, disait quen 1756
labbaye de Saint-André du Cateau avait mis hors de ses mains 20 mencaudées de
terres situées à Bétencourt pour les donner à Bricout, censier dOlicourt,
quil navait pas songé à réclamer le paiement des fumures parce quil
avait pris une despouille en bled sur les dites terres fumées.
De même, Ch. Canonne, maître de postes et
fermier à la Guisette, certifiait quayant repris 200 mencaudées de terres situées
à Bétencourt, appartenant à Monseigneur lArchevêque de Cambray, des mains du
sieur Dolez, il ne lui avait rien payé parce que Dolez avait pris sur les fumures une
dépouille tant en orge que bled et fourages sur les dites terres. Le Chapitre de Cambrai,
témoignaient Antoine Canonne et M. Canonne de Viesly, avait retiré des mains de M.
Maronier environ 400 mencaudées de terres à Viesly pour les donner à dautres sans
lui rien payer, Maronier ayant pris une despouille de bled sur les dites terres fumées.
Lofficial de Cambrai avait, le 10 juillet 1777, débouté Nicolas Canonne, mayeur
dAvesnes-les-Gobert, de sa demande dindemnité contre Henry Sorlin, qui avait
repris les terres quil occupait.
Mais toutes ces attestations faites pour
démonter les coutumes du Cambrésis et la justice des arguments de labbaye de
Saint-Aubert ne pouvaient avoir valeur que devant le Parlement de Flandre, où se
faisaient les appels judiciaires du Cambrésis. Or, le Sartel ressortait de lArtois.
Labbaye dut transporter la procédure à la cour de Velu. Car, ayant vérifié les
dires de Millot pour cette seigneurie du Sartel, elle avait reçu, écrite par G.
Boursiez, greffier de Clary et du Sartel, une attestation des prévosts Jonas Gransar et
des échevins de Clary, Guillaume Leduc, J.-B. Bonneville, N. de le Hay certifiant
quil est dusage et à notre connaissance que la terre et seigneurie du Sartel
en Caulery, Clary et le Sottier est du ressort et mouvante de la province dArtois,
que nous navons fait aucunes fonctions de justice sur ladite seigneurie pour porter
efet de suivre la coutume de Cambrésis. Dailleurs, cétait Bataille,
collecteur du Sartel, qui avait averti tout dabord labbaye en lui certifiant
quil avait reçu 19 sols 6 deniers pour le vingtième de 1776 imposé sur trois
boitelées de jardinage amazé relevant de la seigneurie du Sartel en Artois, où ledit
Milot Ferdinand fait sa résidence. Le 18 décembre 1777, Jean-Baptiste Frémin, échevin
de Cambray et député aux Etats de cette ville, seigneur du Sartel en Clary, Caullery et
la Sautière, certifiait que ladite seigneurie est de la province dArtois mouvant de
la même province de même que les différents fiefs qui en sont, quen conséquence
il avait ses officiers particuliers et que ceux du Cambrésis ny ont jamais fait
aucune fonction ni acte de justice. Le 24 du même mois, les Etats Généraux
dArtois certifiaient aussi que la seigneurie du Sartel située à Clary est imposée
en Artois.
Il ny avait plus pour labbaye
quà retirer du Parlement son appel, qui nétait pas justifié et ne serait
pas efficace; il lui en coûta la somme de 240 florins quelle acquitta le 4 février
1778.
Sadressant donc à la Cour de Velu,
elle affirmait que Millot navait aucune qualité qui lautorisait à
semparer de loccupation de ces terres; il se prétend cessionnaire, mais alors
il devait faire une pleine fumure; lorsquil a menacé le nouveau fermier par
lenvoi de tabac dont le vulgaire se sert de ce terme pour menacer, il était
informé du désistement fait à sa tante aux droits de qui il était.
On est daccord pour lindemniser
des 35 mannes de cendres noires, mais cest sur les 324 voitures de fumier doù
sera retiré le bled quon est pas daccord. Car cest contraire à
lusage universel du Cambrésis et dArtois suivant lequel un fermier na
point de raison dêtre payé en engrais dès quil a perçu une récolte une
saison depuis la fumure.
Et bien que Millot prétend que la récolte
en bled na fait quenlever de la terre la chaleur nuisible du fumier et la
mettre au point où elle devait être pour bien fructifier, sa tante, ou lui-même, pour
les engrais sur lesquels on avait levé une récolte en saison lorsquelle est
entrée en bail, na rien payé; donc, il y a balance, et lorsquil prétend que
sil a mis une fumure, il espèrait un nouveau bail, cest encore grossier, car
il a négligé de payer le fermage et il a fallu faire une saisie de ses avesties (A.D.N.
36 H 189). Doù plaise à la Cour de Velu de débouter Millot.
Cest sans doute ce que fit la justice
de Velu, dont il ne reste aucune trace de sa décision souveraine; mais cest
cependant à cause de ces démélés judiciaires de la fin du XVIIIe siècle que la
seigneurie du Sartel, sa situation, quelques-uns de ses possesseurs ou seigneurs et sa
dépendance de lArtois ont pu être connues et décrites.