LA
FAMILLE SEIGNEURIALE DE CAULLERY
Ce fut sur cette hauteur relative,
145 mètres au Bout de la *ville, Château dEau, assez détachée vers lOuest
et le Nord, que lon surnomme encore la Rochelle on ne sait pourquoi, mais qui devait
avoir une certaine valeur stratégique à lère féodale, que durent
sinstaller, vers la fin du Xe siècle sans doute, des parents ou alliés des comtes
de Cambrai, du moins dArnould, peut-être aussi dHerbert de Vermandois, comme
chefs militaires pour surveiller et contrôler un territoire plus important, si lon
en croit les textes, que le terroir actuel de Caullery, lequel comporte à peine deux cent
cinquante hectares.
Les armoiries des seigneurs DE
CAULLERY - ils sappellent ainsi au XIe siècle -, de gueules à trois écussons
dargent chargés dun lion de sable, dont la mairie actuelle se sert comme
cachet, rappellent étrangement leur parenté avec ces comtes de Cambrai à la succession
desquels ils durent renoncer solennellement avec les sires de Walincourt, Longsart ou
Levin entre autres en lan 1007, lorsque lEmpereur Henri II, pour mettre fin
aux querelles incessantes créées par ces soldats, la plupart du temps
" pilleurs et ravageurs des terres dÉglise ", donna en toute
souveraineté à lÉvêque de Cambrai et de léglise Sainte-Marie le comté du
Cambrésis. Désormais, les sires de Caullery relevait de lÉvêque suzerain.
Sans doute, à lorigine,
furent-ils gardiens dune sorte de donjon installé sur une Motte, aux abords
immédiats de lagglomération, à côté du chemin de Périsez, face au
Nord-Ouest ; le souvenir en est resté dans lappellation du champ de la Motte,
auprès de cette tranchée de la Rabauquène qui a dû servir à contrôler lancien
chemin de Cambrai et lancien chemin de Bohain au sortir du chemin du Périsez.
Vue aérienne de la
Rabauquesne
Dans une charte de labbaye de
Saint-Aubert de Cambrai de lannée 1166,citée par Le Carpentier, un accord
intervenu entre cette abbaye et les seigneurs de Walincourt, en présence de
lEvêque dAmiens Théobald, mentionne que, pour la défense de son castel de
Walincourt, le seigneur conserve la possession du bois de Robaltcaisne, qui se trouve
entre le chemin de Cambrai et celui qui conduit de Selvigny aux abors de Ligny. Ce bois
devait être défriché en 1293 ; à cette date, en effet, le seigneur
dHonnechy, qui contestait à Marion de Ligny, épouse du sire de Quiévy, la
propriété de quatre mencaudées de terre labourable " empries la trauwée de
Leingny venant de Selvigny ", reconnaît quil ny a aucun
droit ; Mathieu de Ligny et Baudoin de Ligny sont témoins de cet accord. La
tranchée ou " trauwée " existait donc dans létat où nous la
connaissons maintenant et méritait de ne pas servir comme lieu de décharge de
malencontreux débris de matériaux si lon ne voulait pas ignorer lintérêt
dun tel vestige du passé militaire du pays. Bruyelle (Dictionnaire topographique
de Cambrai, p ;273) comme Eugène Bouly (Dictionnaire
historique p.15) disent que cette tranchée de 400 mètres de longueur, large de 23
mètres, profonde de plus de 5 mètres, avait une valeur stratégique certaine. Le Pape
Lucien, au 31 décembre 1181, confirmait à lÉglise de Cambrai la possession de ses
biens, dont un alodium de Caulleri, un alleu, cest-à-dire une terre libre de tout
seigneur. LÉvêque de Cambrai Liebert, mentionnant les donations faites à
léglise Saint Géry avant 1076, avait déjà parlé dun certain manoir in
Colrio que tenait en alleu librement un certain Trebga et quil avait donné à cette
église, tandis quun certain Werinfridus lui devait une redevance annuelle de 12
deniers pour un manoir quil y possédait (Duvivier : Recherches sur le
Hainaut, ancien tome II, pp. 425, 426, 638).
Vue intérieure de la
Rabauquesne
En lannée 1164,
lÉvêque Nicolas avait confirmé à labbaye Saint-Pierre dHonnecourt la
jouissance de plusieurs autels, dont celui Clari avec Cavaleri et autres dépendances. Il
y avait donc à cette époque à Caullery assez de laboureurs tenanciers ou colons pour
nécessiter une organisation religieuse. On sait que jusquà la Révolution
labbaye dHonnecourt posséda le patronat de la paroisse de Caullery, dont elle
présentait les curés à lagrément de lÉvêque.
Les sires DE CAULLERY avaient donc
été précédés, du moins accompagnés dans le pays par une population quils
étaient chargés de protéger, mission quils remplissaient avec chargés de
protéger, mission quils remplissaient avec ardeur si lon en croit
lépitaphe que Le Carpentier a relevée sur la tombe dun Gilles DE
CAULLERY : " Chi gist Gillis de Cavaleri molt hardi fuist en kavalerie, si
fort fuist et si artillens, kil nient creinioet ni Rey, ni quens. MCCIII en
juyn. "
Cest peut-être sa tombe qui
fut découverte en 1904 par des ouvriers qui travaillaient à niveler le sol où se trouve
la place du Bout de la Ville. Plusieurs carreaux de terre émaillée sur lesquels on
pouvait lire kavleri et la date 1202 furent ainsi mis au jour, mais ces morceaux, si
intéressants pour lhistoire du pays, disparurent pendant les années de la guerre
1914-1918.
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