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LA COMMUNAUTÉ DE CAULLERY
Le terroir : sa
consistance, ses propriétaires, ses laboureurs ou fermiers.
Des 650 mencaudées environ, ou 216 hectares
19 ares 50 centiares, suivant le cadastre de 1811, qui composaient les terres labourables
du terroir de Caullery, 150 mencaudées appartenaient, dès le XIVe siècle, au Chapitre
de Notre-Dame de Cambrai, 103 à labbaye de Cantimpré, une quarantaine si lon
veut au domaine de la cure, quelques-unes à labbaye de Saint-Aubert, une vingtaine
à léglise et aux pauvres de Caullery, une autre quarantaine soit à léglise
et pauvres de Walincourt, soit au couvent des Guillemins ou aux pauvres de Walincourt,
sans compter les terres de la seigneurie du Sartel. Le reste, soit presque la moitié,
passait de main en main suivant les époques aux habitants de Caullery, comme en font foi
les actes déchevinage.
Le terroir est vraiment petit, surtout si
lon compare à celui de Ligny, de Clary ou de Selvigny; aussi, nest-il pas
étonnant que lexploitation agricole de Caullery se soit étendue aux terroirs
voisins, avant la Révolution comme actuellement, voire sur le terroir dHaucourt. Le
terroir des seigneurs de Caullery sétendait bien au-delà des limites actuelles,
mais on ne peut dire exactement à quelle époque elles furent déterminées.
Les sires de Caullery exploitaient
eux-mêmes leurs propriétés,mais le Chapitre dut les affermer ou louer à des fermiers
ou censiers, dont les noms ont été conservés grâce aux registres capitulaires. Mais la
contenance exacte des terres lui appartenant nest pas indiquée; à plusieurs
reprises, elles sont dailleurs partagées entre plusieurs censiers, et lon se
souveint que, jusquà la Révolution, les chanoines se plaignent de ne pas en
posséder le cachereau, ou létat exact des contenances et limites, que ses fermiers
négligent ou refusent de lui donner, malgré lobligation qui leur en a été faite.
Une seule fois, au 8 novembre 1540, on note la satisfaction des chanoines;
" lecartulaire de Caullery est renouvelé " (Ms 1071, f° 91), mais,
par la suite, combien de fois son renouvellement a été réclamé vainement !
Le 21 mai 1791, lorsque le district de
Cambrai vendit les biens nationaux situés à Caullery à la communauté représentée par
Alexandre Bugnicourt, la ferme et les terres du Chapitre étaient cédées, pour une
contenance de 146 mencaudées, 83 verges un tiers, à Marie-Françoise Sellier, veuve de
Pierre-Henry Mairesse, qui en était la locataire. Elle en devait acquitter immédiatement
3.500 livres sur le prix dachat de 27.624 livres, dont le total fut seulement soldé
le 14 juillet 1809. Cest peut-être la seule indication précise que lon
possède sur limportance de la ferme du Chapitre, bien que, lors du cadastre de
1811, on attribue à la veuve Mairesse 63 hectares 05, soit presque 190 mencaudées de
propriété; il est vrai que, dans ce nombre, il faut compter les terres achetées
autrefois par Nicolas Mairesse et qui étaient venues en héritage à Pierre-Henry
Mairesse, ainsi que les pâtures, bois et jardins. Si lon considère ce cadastre de
1811, on peut remarquer que la plus grande pièce de terre se trouve à la
" Fontaine Colart " : 21 hectares 78 ares 80 centiares, dont 4
hectares 35 ares 76 centiares de première classe, 8 hectares 71 ares 52 centiares en
seconde classe et autant en troisième classe. Cest la partie de bien vendue au XIVe
siècle par Colart de Caullery au Chapitre; la plus importante de ses autres pièces
était celle située à lEpine dAndigny, qui contenait 11 hectares 31ares 6
centiares de 2e classe; une pièce de bois de 2 hectares 18 ares 10 centiares y était
aussi comprise; cétait sans doute la pièce de même contenance, dite inculte en
1729, et que le Chapitre avait autorisé de planter (Ms 1098, f° 174).
Quoi quil en soit, le premier connu
des fermiers du Chapitre à Caullery est Williame Quentin que Jean, dit Lidon de Caullery,
voulait empêcher, en 1398, de cultiver les terres qui appartenaient désormais au
Chapitre.
En 1400, un Jehan Laubri, blessé par Michel
de Caullery pour les mêms raisons, est fermier du Chapitre. En 1445, aux héritiers de
Jacques dit Buridan, qui venait de mourir comme censier de Caullery en devant 64 livres
tournois et 6 muids 2 mencauds de blé de fermage, le Chapitre ne réclame, à cause de
leur pauvreté, quune somme de 32 livres payables en deux fois (Ms 1058, f° 9).
Cest Enguerrand Buridan, successeur, qui répond de cette dette.
En 1457, le 6 février, les chanoines font
un arrangement avec Gérard Le Cocq, leur fermier, par lequel il sengage à verser
en argent, au prix de dix sols le mencaud, trois muids de blé, sur un rendage total de 6
muids avant la Saint-Jean à venir (Ms 1060, f° 12 v°), sinon ils seront libres
dexiger de largent ou du blé.
Le 28 mai 1462, cest Georges Le Conte
qui accepte la ferme de Caullery et reconnaît devant Amaury du Hamal, parmentier, que les
réparations faites aux toits et à la clôture sont suffisantes (Ms 1060, f° 141 v°).
Le 29 juillet 1493 (Ms 1062, f° 81), cest à celui qui offre 50 sous pour valeur
dun mencaud de blé de fermage que le Chapitre accorde ses bois de Caullery, mais il
faut croire que laffaire ne fut pas conclue, car, le 31 décembre suivant, les
chanoines sinterrogent pour savoir sil faut donner ces bois en arrentement
emphytéotique ou bien les louer (f° 129).
Dailleurs, leur ferme leur amène des
discussions avec le couvent des Guillemins, qui prétend que cette ferme leur doit chaque
année trois mencauds de blé quil na pas reçu depuis quarante-quatre ans. Il
faudra revoir les comptes des offices à ce sujet, et surtout les titres dachat,
pour savoir si ladite ferme est redevable de cette charge, ou si, plus vraisemblablement,
cest par aumône que ce blé est livré aux frères du couvent plut^tot que par
dette (Ms 1062, f° 109, 8 novembre 1493). Puis, le 16 décembre suivant, on décide de
sarranger pour le mieux à ce sujet avec les Guillemins, car cest vraiment peu
de choses (Ms 1062, f° 132). Mais les Guillemins ne semblent pas accepter; cest une
dette à laquelle ils ont droit; le Chapitre décide, le 27 octobre 1494, quils
exhibent les titres qui font foi de cette obligation, documents que ne possèdent sans
doute pas les Guillemins, qui, malgré labsence de preuve, font saisir la grange du
Chapitre à Caullery pour obtenir du fermier le blé auquel ils prétendent avoir droit
(Ms 1062, f° 276 v°, 6 avril 1495). On verra les anciens comptes, redisent les
chanoines. Et, le 19 décembre 1496, les Guillemins renouvellent leur demande; ils
assurent que cest depuis si longtemps quils doivent recevoir ces trois
mencauds de blé que, de mémoire dhomme, on ne peut dire le contraire; donc, ils
nont pas de titres; et les chanoines en prennent avantage pour leur déclarer que
cette redevance était faite comme aumône et non comme une dette; sils acceptent
comme aumône, elle sera continuée, sinon quils prouvent que cest une
obligation (Ms 1063, f° 169).
Le 5 avril 1486, Sandrin Martin, censier de
Caullery, obtenait de la part des chanoines la permission dacheter une maison dans
les limites du village et longtamps le courtil Sandrin fut mentionné dans les actes
déchevinage (Ms 1061, f° 258).
La ferme était occupée, en 1494, par
Jehanne Moncelle, veuve de Philippe Millot; sa maison était brûlée, on ferait ce
quil faudrait pour la rétablir, mais elle-même était en retard de ses fermages
depuis 1490; elle devrait acquitter 75 sols pour 1491 et 1492 et seulement 60 pour 1490;
le reste lui serait laissé pour compte (Ms 1062, f° 131 et 181).
André Sohier était en retard, au 31
octobre 1494, de 14 livres; on lui passerait la moitié (Ms 1062, f° 225).
Mais, le 20 octobre 1497, le Chapitre
décide de faire un procès au censier de Caullery, quil ne nomme pas, afin de lui
faire payer ses dettes (Ms 1063, f° 261). Il sagissait de Jehan Millot, le fils de
Jehanne Moncelle.
Le 3 novembre suivant, deux chanoines
sen vont à Caullery pour sarranger avec le censier; il est en retard de
plusieurs termes qui lui font une dette de presque 24 muyds de blé, 8 muids davoine
et 26 livres 16 sols. Pour que la main de justice soit levée de ses biens saisis, le 10
novembre, Jehan Millot promet quil acquittera promptement un muyd de blé et deux
davoine; il abandonnera aux chanoines les deux mencaudées de bois quil a
louées pour quils en fassent la coupe. Il leur abandonnera aussi les blés verts
quil a mis sur trois muids des terres de la cense " et ce quil a
binoquié dautres terres "; il fournira une caution suffisante avant le 29
juin qui lui permettra de despouiller à son profit les trois muids de terre, en
acquittant les dîmes et autres charges, si cette caution garantit avec lui le paiement de
12 muyds de bled quil sacquitterait avant Noël. A ces conditions, le Chapitre
le tiendra quitte des autres dettes et des réparations quil doit faire à la maison
et aux autres bâtiments de la ferme (Ms 1064, f° 5).
Mais, devant les difficultés quils
ont, les chanoines décident, le 13 novembre, daccorder leurs terres en arrentement
emphytéotique à leur confrère Maître Pierre Bricquet, qui sengagera par-devant
notaire; la convention sera enregistrée au livre des fermes et, le 22 janvier 1498
suivant, on lui communique à cet effet tous les documents concernant les revenus de la
terre de Caullery quil a prise en arrentement.
Le 7 mars suivant, la convention faite
devant notaire avec le chanoine Bricquet était lue devant le Chapitre régulièrement
assemblé et transcrite en entier sur le livre des fermes.
Maître Bricquet avait besoin de se trouver
sur place pour veiller à la restauration des bâtiments de la ferme; le Chapitre, trop
heureux sans doute dêtre délivré de ses soucis, non seulement lui permettait
dêtre absent de Cambrai pendant les jours qui lui étaient dus, mais lui laissait
tout le temps nécessaire, ce qui fur achevé seulement le 11 février 1499, après que
les délégués du Chapitre eurent été sur place se rendre compte et constater que
toutes les réparations étaient bien faites (Ms 1064, f°38, 49, 129, 148).
Entre temps, cependant, le Chapitre avait
dû veiller à lintégrité du terroir de Caullery, en même temps quà la
conservation de ses droits de juridiction. La Loy de Selvigny, agissant sur lordre
du sénéchal du Hainaut, seigneur de Walincourt, avait obligé le vendeur dune
pièce de terre à en faire les devoir devant elle; le Chapitre, averti, fit annuler les
actes des gens de loi de Selvigny en leur faisant constater que cette terre était du
terroir de Caullery et de la juridiction du Chapitre et envoyait un délagué auprès du
" sénéchal " de Hainaut lorsquil fut de retour à Walincourt
(Ms 1064, f° 38, 94, février et juillet 1498).
En 1526, le chanoine Bricquet étant
décédé, le Chapitre dut envoyer sur place son charpentier, Bertrand Parent, pour
visiter la maison et sentendre avec les héritiers Bricquet. On avait rendu la ferme
à Anthoine Haugoubart, mais comme il navait pas présenté de caution et quil
ne pouvait acquitter ses fermages, on décida de lexpulser (Ms 1067, f° 86, 27
novembre 1527). Le 20 janvier suivant, il était question de traiter avec lui pour la
reprise de son exploitation, mais il fallut le poursuivre en justice, et ce ne fut que le
12 février 1529 que les chanoines payèrent les dépenses de ce procès pour en finir
avec lui (Ms 1069, f° 92, 145).
Dès le 23 janvier 1528, le Chapitre avait
accordé sa ferme à Bauduin Descamps, " écuyer "; il paierait deux
muids de blé par an. On lui permettrait, le 7 mars, de mettre à ses frais
" limage ou statue de saint Hubert dans la demeure de la cense, pour sa
protection " et, le 18 septembre, on décidait de faire les réparations
nécessaires autour de sa ferme. On acceptait encore, le 4 novembre, quil fît curer
les fossés qui se trouvaient autour de la ferme et puisse emporter les terres extraites
pour améliorer ses terres à labour.
Mais, le21 avril 1529, Bauduin Descamps
demandait quon lui mît à intérêts les améliorations de sa ferme, en plus des
cinquantes écus quil devait.
Mais il est loin de sacquitter de sa
dette. Le 21 novembre 1531, on lavertit de fournir le blé quil doit, sinon il
sera forcé par main de justice (Ms 1069, f° 94, 97, 126, 132, 269, 302). Aussi est-il
obligé de demander au Chapitre lautorisation de céder sa ferme à un autre
exploitant, mais on lui répond de payer dabord sa dette, puis on lui permettra de
céder, daccord avec le Chapitre. Il fallut lui accorder 25 florins en déduction de
sa dette pour quil consentît à remettre la ferme dans les mains du Chapitre.
Après modération quon lui accorda le 15 juin 1532, de deux muids de blé, il
abandonnait ses droits en payant 20 florins pour deux muids de blé et 15 patars pour
chaque mencaud en plus (Ms 1069, f° 305, 306; Ms 1070, f° 6).
Déjà, le 22 janvier 1532, un candidat
sétait présenté, Enguerrand Pennier, qui sollicitait un bail de douze ans, qui
lui était accordé le 29 janvier, moyennant 8 muids de blé comme fermage,
lobligation de refaire les étables, de donner 40 florins de pot de vin et de
fournir caution. Le 6 juin suivant, le maître charpentier du Chapitre allait visiter la
grange pour les réparations à effectuer.
Le 19 juillet 1535, on vendait au plus
offrant un ch^ne planté auprès de la ferme. Les 36 patars que cette vente rapporta
furent donnés à lEglise (Ms 1070, f° 144 et 146) et, le 6 octobre de la même
année, on cédait à Jean Ramette, pour neuf ans, quatre mencaudées de terre au fermage
annuel de 40 patars (f° 155). Le 20 mai 1541, on lui redonnait les mêmes terres pour
douze ans, mais au fermage de 48 patars.
Enguerrand Pennier ne dut pas finir son
bail. Dès le 11 janvier 1538, en effet, cest à Jean Le Febvre que le marché de
Caullery est cédé pour douze ans, moyennant un fermage annuel de 10 muids de blé, deux
porcs, lobligation de réparer la grange et les autres édifices, de faire le
cachereau de ses terres. Cest lui, Jehan Le Febvre, comme mayeur de Caullery, qui
sera présent, le 15 décembre 1546, à la donation faite au couvent des Guillemins, de
quatre mencaudées de terre au terroir de Caullery " tenant au chemin de
Caullery qui maisne de Clary à Cambrai, et à trois mencaudées du curé de Caullery par
Ypolite Cantavaine et Séverine Mathieu, sa femme, laboureurs à Elincourt ", à
charge dun obit solennel, chaque année " au premier lundy après
Saint-Rémy, chief doctobre ", à décharger par les religieux du couvent
(A.D.N. 65 H, 40/204).
Le 19 décembre 1543, le Chapitre avait
donné quittance au censier de Caullery de quztre muids de blé quil avait fournis,
et sinquiétait des pertes quil avait dû subir, sans en donner
dexplication (Ms 1071, f° 2071).
Cest à Martin Buridan, censier de
Caullery, qui avait épousé Etiennetee Pennier, que le Chapitre accorda, le 26 décembre
1558, quatre mencaudées de terre autrefois louées à Jean Ramette; il devra payer par an
12 pièces dargent valant 8 patars chacune (Ms 1072, f° 91).
Cependant, à cette époque, cétait
sans doute Jean Canonne qui était fermier principal du Chapitre. Il est mayeur à partir
de 1562, où il remplace Martin Buridan. Le 1er mai 1563, devant le Chapitre assemblé, on
refait à Jehan Canonne, pour neuf ans, un bail qui partira dès 1567. Il devra acquitter
par an 7 muids et demi de blé en nature, fournir 2 porcs de 2 esteulles,
cest-à-dire de deux ans, et sengager à payer la moitié des dépenses
nécessaires pour construire de nouvelles étables, réparer la grange et le colombier. Au
21 juin 1574, le m^me bail lui est encore renouvelé pour 9 ans; on lui ajoute les
terrages, ce qui lobligera à payer chaque année 9 muids de blé à partir de 1576;
et, le vendredi 28 janvier 1575, on décide de réparer la tour qui se trouve dans la
cense de Caullery (Ms 1073, f° 373; Ms 1075, f° 154, 179). Etait-ce de lui ou dun
autre quil sagissait, en avril 1574 ? En tout cas, le bailli du Chapitre est
envoyé ce jour-là, sur la plainte dun " colon de Caullery ",
parce que la bailli de Walincourt a fait saisir ses chevaux alors quils se
trouvaient sur une terre de la juridiction du Chapitre.
Jehan Canonne ne finira pas son nouveau
bail; en 1577, il est mort, comme en témoigne un acte déchevinage du 19 février.
Cest peut-être Martin Buridan qui le remplace; il lui succède du moins comme
mayeur. Si la famille Canonne, à cette époque, a déjà émigré à Serain, Esnes,
Crèvecoeur et Cambrai, son nom est toujours attaché à un coin du terroir appelé
longtamps, jusquau XVIIIe siècle au moins, le muids Canonne.
Le vendredi 27 septembre 1577, on renouvelle
à Martin Buridan, censier de Caullery, le bail des 4 mencaudées de terre, aux mêmes
conditions (Ms 1076, f° 3).
Le 3 février 1579, le Chapitre passe au
fermier les 7 muids 11 boisseaux et 2 pintes et demie de blé quil devait pour son
rendage de 1578, " à cause des dommages quil a subis par les
soldats ". Cétait la pénible période où, malgré sa neutralité, le
Cambrésis était souvent le théâtre des combats que se livraient Français, Espagnols
et Bourguignons. Caullery ne put échapper à ces incursions toujours néfastes aux
laboureurs. Le 6 février, on décide alors de réparer la ferme de Caullery suivant les
visites qui en ont été faites (Ms 1076, f° 56 et 57).
Il semble que ce fut Paris Sohier qui reprit
la ferme et rétablit ses édifices bien au-delà de ce quon lui avait demandé.
Cest pourquoi le Chapitre, le 27 août 1589, lui accorde une réduction de 20
mencauds de blé sur ses rendages et, en même temps, lui cède, pour 10 livres par an, 4
mencaudées de terre autrefois occipées par Martin Buridan (Ms 1077, f° 22). Mais les
terres rapportent peu; aussi le Chapitre, le 28 mars 1593, réduit son rendage dun
muid de blé pour lannée 1591, à cause des tailles quil a payées et, pour
lannée 1592, lui revand 5 muids de blé à 25 patars le mencaud, ce qui était une
sensible réduction, " à cause de la stérilité des terres ".
Cétait dailleurs pour la même raison quà Jehan Lamouret, qui devait
au Chapitre à la place de labbé dHonnecourt 2 muids de blé, on avait
revendu ce blé à raison de 30 patars le mencaud (15 décembre 1592, Ms 1077, f° 105,
117 v°).
Le vendredi 27 avril 1599, Paris Sohier est
convoqué par le Chapitre pour venir sentendre au sujet de ses redevances, et aussi
pour une nouvelle concession de son marché qui vient à expiration. Mais le 22 août, sur
sa demande, le Chapitre envoie visiter les récoltes et les édifices de la ferme et, le
1er septembre, devant la stérilité persistante qui a été constatée, on lui renouvelle
pour 9 ans son bail, à condition de payer pour les trois premières années 3 muids de
blé seulement; pour les trois suivantes, 6 muids et, pour les trois dernières, 8 muids
de blé. La première dépouille devait être faite en août 1600; de plus, il livrerait 2
porcs de 2 esteulles par an. Le 6 may 1603, à Martin Mairesse, censier, on accorde de
déduire de son rendage la moitié des bois quil a fournis pour faire une écurie,
et la moitié du prix de la main doeuvre (Ms 1080, f° 119). Nétait-il que
fermier de certaines terres seulement ? Toujours est-il quà la fin du mois
daoût 1605, Paris Sohier est autorisé à consulter le nouveau cachereau du
territoire de Caullery, tandis quau 2 janvier 1606, Géry Lamouret et consors,
censiers de Caullery, peuvent se libérer de 30 mencauds de blé quils doivent en
versant 30 patars pour chaque mencaud. Mais comme ils nont pas rempli cette
obligation, on décide en octobre suivant de les contraindre par justice (Ms 1080, f° 240
- Ms 1081, f° 1). Cependant, le 9 octobre 1606, Paris Sohier contractait un nouveau bail,
pour neuf ans, dont la première dépouille commencerait en 1609. Son fermage était de 8
muids de blé, plus 3 porcs de 2 esteulles, ou 10 florins pour chaque. Il devrait
réédifier la grange suivant la largeur et la longueur déjà existantes. Il devrait
employer du bois de chêne pour les membrures les plus fortes que lon décrit
gallice, en français) " le solle, les six esteaux, les trois sommiers, les
plattes, les six jambes de force surmontant et la feste " pour le reste du blan
bois (en français). Pour cette réédification, on lui déduirait sur les trois
dernières années 6 muids de blé de son rendage, soit 2 par année; de plus, il devait
sacquitter de 10 mencauds de blé " quil doit laisser comme
arriérages à la fin de son bail " (Ms 1081, f° 60). Le 22 mars 1613, on lui
renouvelait le bail des 4 mencaudées de terre, pour 9 ans, avec rendage de 14 livres par
an, payables dès la Saint-André.
Cependant, Paris Sohier était en
difficulté pour acquitter son fermage; le 23 janvier 1609, il devait 6 muids de blé de
la récolte précédente, ainsi que 10 mencauds de blé de 1607. Pourtant, le 17 juin
1616, on décide de lui relouer, dès le 2 juillet suivant, pour 9 ans, la cense, le
marché des terres et le terrage du lieu, car la première dépouille doit être faite à
laoût. Paris Sohier paiera 8 muids de blé par an et fournira 3 porcs de 2
esteulles, ou 10 florins par tête. Il devra planter autour des fossés de la cense 60
plants, au moins, de saules ou peupliers pendant les trois premières années du bail; de
même, dans le jardin de lhéritage de la cense, mettre 40 arbres à fruits,
pommiers et poiriers, pendant les six premières années. Il devra aussi curer les
fossés, faire une porte à la cense et bien entretenir la maison, le grenier, la grange
et tous les bâtiments nécessaires pour les chevaux et les vaches.
Le 19 juin 1617 cependant, il doit encore 7
muids de blé de la récolte précédente; cest à cause de la stérilité. On lui
remet ce blé à 35 patars le mencaud. De même, on remet à Jeanne Gonthier, autre
locataire, pour sa pauvreté, la moitié des 22 florins de son rendage.
Mais, le 2 mars suivant 1618, cest sa
veuve, Sacrée Milot, qui sollicite et obtient la remise de 3 muids de blé quelle
ne peut fournir de la récolte de 1617. De plus, elle obtient, le 30 mars 1621, de céder
son bail du moulin de Caullery à Olivier Féron, à condition que celui-ci verse 100
florins dans le courant du mois et sacquitte à sa place de 4 muids de blé qui
avaient été revendus à la cédante au prix de 3 florins le mencaud, soit 60 patars (Ms
1083, f° 47, 94, 129, 135). Le 24 mai 1621, elle obtient encore de céder son marché de
la cense de Caullery à son gendre Théodore Boniface. Mais celui-ci devra
sacquitter au plus t^tot de 6 muids de blé de la récolte 1620 quon lui
revend à 28 patars le mencaud.
Dès lannée suivante, 25 février
1622, la maison de la ferme a été incendiée complètement. On va sur place se rendre
compte de limportance du désastre et, le 21 avril, on sarrange avec Théodore
Boniface pour refaire les bâtiments détruits (Ms 1084, f° 22, 61, 71).
Le 27 janvier 1623, par sentence judiciaire,
on réunit à la ferme du Chapitre 3 mencaudées et 3 boistellées de terres qui sont de
la succession dillégitimité, cest-à-dire de
" bastardise ", dévolue aux héritiers naturels dAlbert de
Haynin. On sait que, daprès les coutumes du Cambrésis, cétait le seigneur
qui héritait les terres à la place des héritiers non reconnus légitimes. Ces terres
furent remises au fermier de Caullery. Quatre autres mencaudées provenant de la même
succession, sur Montigny, furent louées le 8 novembre 1624 à Fursy Gabet. Elles étaient
en une pièce, incultes dailleurs, situées auprès du chemin de Bertry à Clary et
tenant au pré Clarette, et à 9 mencaudées de la cure de Montigny (Ms 1084, f° 116 v°
et 214 v°).
Une partie de ces terres réunies à la
ferme de Théodore Boniface, celle qui tenait au chemin menant aux carrières (chemin
dElincourt), était occupée par sa belle-mère, qui continuait encore, au 21 mars
1625, le bail de 4 mencaudées de terre pour 9 ans, avec un rendage annuel de 14 livres
(Ms 1084, f° 232).
Théodore Boniface obtenait le 13 mars 1623,
pour rebâtir sa maison détruite lannée précédente, 4 muids de blé qui lui
étaient revendus à 50 patars le mencaud et, le 31 mai 1624, en association avec son
frère Aubert et MARGUERITE Faret, leur mère, il faisait contrat pour la location de la
cense et du marché des terres de Caullery pour 9 ans, dont la première récolte serait
en 1627 en même temps que le terrage.
Le fermage entier serait de 8 muids de blé
et 3 porcs de 12 florins par an. Les fossés devraient être garnis de saules et
peupliers; on en planterait à la place des morts; de même, il fallait remplacer les
poiriers et les pommiers morts, bien entretenir la maison, le grenier et la grange, et
renouveler le cachereau des terrages (Ms 1084, f° 191). Mais, le 25 août 1625, le
Chapitre apprend le décès de Théodore Boniface et décide de sassurer de ses
redevances.
Il semble que la ferme fut alors rendue à
André de la Haye. Le 15 juin 1627, en effet, on lui revend 5 muids et 7 mencauds de blé
de laoût passé, à 4 florins le mencaud à payer avant la Saint-Rémy prochaine
(Ms 1085, f° 56 v°). Le 7 janvier 1628, on doit aller visiter le grenier de Caullery qui
a souffert des grands vents dautomne (Ms 1085, f° 91), tandis que, le 21 janvier,
on revend au fermier de labbaye dHonnecourt, Arnould de Bonneville, qui est
mayeur, 1 muid de blé quil doit au Chapitre à la place du monastère, à 48 patars
le mencaud (Ms 1085, f° 92). Le 5 juillet suivant, à André de la Haye pour quil
puisse " réparer les dégâts faits à la ferme par les grands vents
derniers ", on lui revend 84 mencauds de blé dont il est débiteur à 35 patars
le mencaud seulement.
En 1629, 1630, 1631, " à cause de
la petite récolte qui a été faite et de la stérilité qui persiste ", il
faut encore lui revendre à bas prix le blé quil doit ou bien len acquitter
purement et simplement, et de même en 1633 (Ms 1085, f° 91, 121, 175, 233, 267 -Ms 1086,
f° 29).
Cependant, au mois daoût 1633, on lui
permet de construire dans la cense une grange et des étables neuves (sans doute en bois)
quil pourra emporter à lexpiration de son bail (Ms 1086, f° 64). Le 13 mars
1634? ON lui renouvelle son bail; il prend la ferme, les terres arables et le terrage pour
neuf ans, à condition de fournir 8 muids de blé évalués 40 patars le mencaud, 3 porcs
de 2 esteulles en nature ou, en argent, 18 florins chacun, chaque année. Il devra planter
peupliers ou saules sur les fossés de la ferme, remplacer ceux qui sont morts, planter
des arbres fruitiers dans le jardin, refaire la porte de la grange, des étables, le mur
denceinte qui menace ruine et un nouveau cachereau des terres. Comme il doit encore
62 mencauds de blé, on les lui cède à 45 patars chacun.
Mais le pays subit les ravages des combats
ou de la guerre qui oppose Français et Espagnols. Le 3 juillet 1637, à cause des
dommages que " le censier a subis par la guerre ", on lui remet le
terrage des années 1635 et 1636, quil na pu percevoir; et, le 17 décembre
1638, le bailli du Chapitre, à la requête dun créancier, Paul Denise, saisit tous
les grains qui avaient été entreposés par André Delehaye à Cambrai, en la maison du
chanoine Rousseau, afin dêtre payé de la somme de 213 florins quil devait
(Ms 665, f° 96). Les années suivantes ne sont pas plus favorables; le bailli le convoque
en justice pour recevoir ses rendages de 1638, 1639; il faut lui en remettre la moitié en
1640 et 1641. Au 24 juillet 1643, il faut lui réduire son fermage à 3 muids de blé,
dont 24 mencauds en nature et 24 en argent à 40 patars chacun, et 2 porcs de 11 florins
pièce (Ms 1086, f° 64, 229 et Ms 1087, f° 121, 137, 181, 217, 291).
Le 27 juin 1645, cest Nicolas Mairesse
qui prend à bail la cense de Caullery, à raison de 4 muids de blé par an, dont 2 en
nature et 2 au prix de 40 patars le mencaud, et de 2 porcs à 12 florins pièce (Ms 1088,
f° 42). Le 1er may 1646, il prend à cense 4 mencaudées de terre, plus celles qui sont
encore occupées par la veuve Parys Sohier, pour 7 florins dargent, pour commencer
le bail dès 1647. Nicolas Mairesse était venu épouser Anthoinette, la fille de Parys,
tandis que Nicolas Sohier épousait à Clary Jeanne Taisne; son beau-frère, Nicolas
Mairesse, " demeurant en la cense des seigneurs de Caullery ", signait
comme témoin à son contrat en 1648.
Jusquà la Révolution, les Mairesse -
du moins la branche aînée - occupèrent la ferme du Chapitre, dont la veuve de
Pierre-Henry Mariresse, décédé en 1780, Marie-Françoise Sellier, fit
lacquisition comme bien national en 1791, et que ses descendants exploitèrent, au
moins dans lensemble, jusquaux abords de 1830.
Les conditions qui furent faites dans la
suite de ses baux à Nicolas Mairesse démontrent que les terres de Caullery rapportèrent
peu, soit par stérilité, soit surtout par faits de guerre. Cétait, on le sait,
lépoque où Français et Espagnols narrêtent pas de saffronter en
Cambrésis, jusquà la victoire finale des Français en 1677.
Nicolas Mairesse reçoit du Chapitre, en
1648, certains subsides en argent pour construire des édifices dans la ferme. En 1652,
son rendage est réduit à 3 muids de blé, dont moitié nature moitié argent. En 1656,
il ne paie que 20 mencauds en nature et 20 en argent. En 1660, on ne lui impose plus que
34 mencauds, dont 17 en nature et 17 à 40 PATARS le mencaud.
En 1663, son rendage est plus élevé : 3
muids et 4 mencauds en nature et autant en argent. Son rendage de 1664 est fixé aux
anciennes conditions normales, 8 muids de blé, dont moitié à 40 patars le mencaud, plus
3 porcs de 2 esteulles ou 18 florins chaque. Mais, dès 1665, on doit le réduire de 26
mencauds de blé et de 32 en argent.
On sait quen 1667, ayant tué un
habitant de Ligny, Nicolas Mairesse obtient une lettre de rémission, à condition
dindemniser les parents de la victime, payer une amende, les frais de justice et de
brûler à lEglise, devant le vénérable sacrement, un cierge de 24 livres. En
1668, il fait encore lobjet dune remise de 72 florins en argent. En
lannée 1676, on lui remet le tiers de son rendage et, en 1677, on lui concède
encore 70 florins à condition quil acquitte les deux tiers du rendage de 1676;
mais, en 1680, il na pas encore fourni la totalité des rendages, même réduits, de
1674 et 1675.
Cependant, en 1678, la paix était revenue
par le retour du Cambrésis à la France, et il semble bien que Nicolas Mairesse ne puisse
plus invoquer les dégâts faits par les soldats. Il accepte donc, pour son nouveau
fermage du marché des terres, des bâtiments de la ferme et du terroir, le prix de 8
muids de blé, dont moitié acquittée à 40 patars le mencaud, plus 3 porcs. Mais, en
mars 1680, il doit encore 24 florins des années 1678 et 1679 (Mms 1089, 1090, 1091, 1092,
passim).
Le 2 mars 1685, le bail lui
est renouvelé pour 9 ans, à condition de livrer 8 muids de blé, 3 porcs en nature
et
de payer 100 patacons de pot de vin. Mais, ce bail, il ne le finira pas. Il nest
plus mayeur de Caullery; dès 1687, il a dû céder sa charge à son beau-frère, Paul
Leducq, qui déjà lavait remplacé de 1677 à 1681. Paul Leducq obtient lui aussi,
en 1684, 1686 et 1687, en même temps que Nicolas Mairesse, une réduction du fermage à
cause de la stérilité des terres; et le Chapitre le lui accorde en tant que fermier
dune partie de ses terres.
 
Le 4 mars 1694, cest
aux héritiers de Nicolas Mairesse que le bail
est renouvelé, à condition quils paient les arrérages, qui semblent bien
motivés, car, en 1684, 1686 et 1687, cest non seulement aussi à Paul Leducq que
des réductions sont consenties par le Chapitre, mais à dautres habitants, qui ne
peuvent payer le coin de terre quils labourent ou sur lequel ils ont construit leur
demeure, parce que la terre a été stérile (Ms 1092 passim).
Les bâtiments de la ferme
sont aussi en piteux état. Le 22 octobre 1694, le Chapitre décide de faire un devis
pour la réédifier et connaître les frais quelle
coûtera (Ms 1093, f° 55). Mais la décision tarde. Ce nest que le 26 octobre 1705
que le Chapitre permet à ses envoyés de sentendre avec Jean-Baptiste Mairesse, le
fermier de Caullery, au sujet de la maison quil occupe suivant les plans et
conditions quil impose, et avec la permission de prendre dans les bois de Briseux la
quantité de petits ch^nes ou autres arbres qui serait nécessaire pour la nouvelle
bâtisse (Ms 1095, f° 14 v°). Cest Jean-Baptiste Mariresse, le fils aîné de
Nicolas, qui la remplacé dans son occupation et sa charge de mayeur dès 1695, mais
Paul Leducq, son oncle, remplira encore les fonctions de mayeur de 1699 à 1703.
Jean-Baptiste Mairesse lui succédera jusquan 1733 et, sous le nom de Jean-Baptiste
Mairesse laîné, laissera 92 actes, pièces signées de lui dans la ferme de la
Loy, ce qui est le plus grand nombre attribué à un seul mayeur.
Cest Jean-Baptiste Mairesse qui, le 30
octobre 1705, obtient le renouvellement du bail aux mêmes conditions, mais à la place de
pot de vin, il fera les frais des travaux nécessaires à sa maison ou cense (Ms 1095, f°
15).
En 1717, il obtient du Chapitre une
réduction de 24 mencauds de blé en nature pour son fermage, et cest lui qui fait
rebâtir la maison de ferme à quelques centaines de mètres, plus à lest de
lancienne, sur un emplacement plus élevé qui la préserverait du danger
dinondation que présentaient les douves ou fossés qui entouraient lautre.
Cette maison, bien que diminuée, porte toujours sur sa porte dentrée la date de
1721 quil y fit inscrire, ainsi que ses initiales et celles de sa femme.
Le 28 juillet 1721, devant les plaintes de
son fermier, le Chapitre avait dû faire visiter les terres de Caullery pour constater
leur peu de rendement. Auusi autorisait-il, le 15 février 1723, J.-B. Mairesse à prendre
au bois de Briseux de petites pousses darbres pour les planter sur les terres
stériles de son marché (Ms 1097, f° 83). Il est en retard, lui aussi, de ses rendages.
Il faut lui en accorder la réduction en 1724 comme en 1728 et, le 25 juillet 1729, le
Chapitre décide de faire planter en bois 6 mencaudées restées incultes. Car
Jean-Baptiste Mairesse semble avoir posé de nouvelles conditions pour continuer
lexploitation de ses terres. Le 6 juin précédent, il avait demandé quon
vienne examiner la valeur de ses terres, et le Chapitre avait accepté en même temps les
indications de son fermier.
Il meurt en 1742, mais, depuis 1735, il est
remplacé dans sa charge de mayeur par Jean-Baptiste, lun de ses fils, qui est
désigné dans les actes du ferme par Jean-Baptiste Mairesse le jeune, puisque son père
vivait encore.
Cest Jean-Baptiste Mairesse le jeune
qui eut maille à partir avec le Chapitre pour avoir laissé installer dans la communauté
des étrangers sans autorisation du Bailly génaral. Le Chapitre avait même décidé
quil pouvait être remplacé et quon pouvait relouer à un autre le marché
des terres (Ms 1099, f° 222, 223).
Mais, en fait, le Chapitre laissera le
marché à la mère de Jean-Baptiste Mairesse le jeune, qui fut cependant remplacé comme
mayeur, de 1743 à 1746, par Jacques Lestoquoy, lun de ses cousins par son mariage
avec Jeanne-Marguerite Mairesse. Marie-Anne Lefebvre continua lexploitation
jusquà sa mort, en 1754; le bail fut continué ensuite quelques temps par
lensemble de ses enfants, Jean-Nicolas, Antoine, Jean-Baptiste et Pierre-Henry.
Celui-ci épousa en 1759, à Ors, Marie-Françoise Sellier; lexploitation fut à son
nom jusquà sa mort, en 1780; depuis 1774, il était mayeur.
On sait, dautre part, que la veuve
Mairesse-Sellier devint, en 1791, propriétaire des terres du Chapitre. Au cadastre de
1811, on le sait, 63 hectares étaient encore en son nom, y compris les maisons, les
fossés ou douves, les 6 mencaudées de bois plantées par le Chapitre et dont une
première coupe avait eu lieu en 1745. Au cadastre de 1854, Danjoux-Mairesse, son
beau-fils, avait encore en sa possession 6 hectares 50 ares 3 centiares. Cinq fils de
Marie-Françoise Sellier, qui était décédée le 20 décembre 1813, âgée de 83 ans,
avaient signé comme témoins à sa sépulture écclésiastique : Alexandre, qui meurt le
4 février 1814, était cultivateur à Troisvilles; Aimable à Neuvilly, Auguste à
Caullery ( cest le père de Zéphir Mairesse); Bénoni, lancien agent
national, cultivateur à Clary; Emmanuel à Caullery. Emmanuel épousera à Abscon, le 29
janvier 1817, Victoire Scribe et sinstallera à Selvigny.
Par le fait des donations des anciens sires
de Caullery, labbaye de Cantimpré de Cambrai était, après le Chapitre, le
principal propriétaire avec 103 mencaudées 54 verges de terres, suivant les baux, mais
dont une partie débordait sur Clary et Selvigny.
Au commencement de la Révolution,
Pierre-François Delbart en occupait 37 mencaudées 54 verges, au prix de 44 mencaudées
de blé et une corvée; le bail était expiré en 1789.
Jean-Louis Mairesse en occupait 3
mencaudées pour 3 mencauds 3 boisseaux, dont son neveu, Piere-Henry Mairesse-Delattre,
réglait en 1791 le rendage de 1790, bien que le bail fut expiré, soit 14 florins 16
patars 6 deniers, 10 deniers de royaume ou 19 livres 3 sols pour 3 mencauds de blé à 3
francs 19 sols.
Théodore Leducq, par bail du 18 novembre
1788, en occupait 63 mencaudées 28 verges, au loyer de 56 mencaudées de blé, 3 florins
pour royaume, 40 patars de cire, une corvée à 2 chevaux; il avait dû acquitter, de
plus, un pot de vin de 692 florins 8 patars.
Le 21 mai 1791, la communauté de Caullery,
représentée par Alexandre Bugnicourt, en achetait 74 mencaudées; 37 mencaudées
étaient cédées à Jacques D<ELBART, les 37 autres à Etienne Quennesson, qui en
cédait 13 encore à Jacques Delbart. Les 74 mencaudées avaient été acquises pour
14.227 livres 6 sols, dont le solde final ne fut réglé que le 30 octobre 1810.
Dautre part, le domaine curiel,
estimé à 40 mencaudées 50 verges au total, était aussi adjugé, le 21 mai 1791, à
Alexandre Bugnicourt, command de la communauté, pour 8.070 livres 13 sols. Etienne
Bourlet en recevait 27 mencaudées de première classe pour 5.380 livres. Charles Bourlet
et Etienne Quennesson prenaient les 4 mencaudées et demis exploitées par le curé
lui-même, terres de première classe, pour 690 livres, dont ils acquittaient le prix le 7
juillet suivant. Trois boistellées, de première classe également, mais sur le terroir
de Ligny, étaient cédées à Antoine-Joseph Quennesson, qui avait pour command le maire
Joseph Bourlet. Celui-ci en paya 349 livres le 16 juillet 1791 et le reste le 31 octobre
1810. Cest la pâture Rousseau anciennement, devenue propriété dAlcide
Cattelain.
Le 27 frimaire an V (1797), Lenoir, agent
municipal de Walincourt, recevait encore de Pierre-François Lestoquoy, Jacques LESTOQUOY
ET Etienne Mairesse, de Caullery, la somme de 160 Livres pour rendage des années 1789 à
1795 de 8 mencaudées des pauvres et église de Malincourt quils occupaient
ensemble, mais sur le terroir de Selvigny.
On sait quaux Xve et XVIe siècles,
les Canonne, comme les Lamouret, avaient été censiers de Cantimpré. Dans le cachereau,
ou déclaration des terres de labbaye de Cantimpré, fait en 1624 (A.D.N. 37 H 162),
où lon relève pour Clary Martin Massel, qui tient la maison et cense dIryes,
Jan Lecomte 9 muids de terre et 6 mencaudées dite le sart des puits, Adrien de Bonneville
6 muids 4 mencaudées, Nicolas Mascret au lieu de Daniel de Grandsart 69 mencaudées,
Martin de Bonneville 6 muid, Mathieu Lempereur 3 muids sur Selvigny, Jean Bricoult de
Clary 40 mencaudées, Geoges Maronnier sur Clary et Elincourt 106 mencaudées de terre à
labour, Jan Canonne et ses consors de Caullery sont cités comme locataires de 43
mencaudées au rendage de 36 mencauds de blé, et devant payer leur troisième année de
bail à la Saint-André 1624; Antoine Sartier en paye 14 mencauds de blé moins un
boiteau, le 18 janvier 1625.
Un répertoire plus récent, fait aux
approches de la Révolution (37 H 152), donne plus de détails sur les occupeurs des
terres de Cantimpré, dont limportance est moindre sur Caullery que sur Selvigny et
Clary, sinon Montigny. Les abouts et tenants qui y sont donnés permettent de déterminer
en grande partie lemplacement de ces terres dont la description telle quelle a
été faite alors pourra paraître intéressante à connaître.
Au n° 1, " 31 mencaudées 29
verges au terroir de Caullery, tenant dune lizière aux terres des pauvres de
Walincourt, au terres du Chapitre de Walincourt à 4 mencaudées de la cure de Caullery.
Dautre lizière aux terres de labbaye de Saint-Obert à celles des pauvres de
Walincourt, à la veuve Pierre Bonneville de Collery, dun bout du midy à 16
mencaudées de labbaye de Saint-Obert occupées par Nicolas Mairesse de Clary,
dautre aux terres du Chapitre Notre-Dame de Cambrai sont occupées par
Pierre-François Delbar de Collery " (ce sont les terres de lancienne
ferme Auguste Estevez).
Au n° 11, " 3 mencaudées au
territoire de Collery tenant à 5 mencaudées 1 boitellée de ladite abbaye occupées par
Pierre-François Delbar, dautre aux terres de la cure de Collery, dun bout au
chemin dElincourt à Collery, occupées par Pierre-Joseph Mairesse de
Collery " (plus tard Jean-Louis Mairesse).
Le n° 12 dénote les 5 mencaudées 1
boitellée ou 25 verges précédentes au territoire de Collery occupées par
Pierre-François Delbar, " tenant dun bout au chemin dElincourt à
Collery ".
Le n° 13 dénote " 3 mencaudées
au territoire de Collery tenant dune lisière dOrient en pointe aux terres de
la cure de Collery, dautre au chemin dElincourt à Collery et aux 5
mencaudées 25 verges précédentes "; elles sont occupées par Quentin-Joseph
Claisse.
Au n° 13, 17 mencaudées 3 boistellées
" tenant dune lizière dOrient à 6 mencaudées
dAnnequin, à 6 appartenant à Philippe Leducq, dautre lizière
dOccident au territoire dElincourt, dun bout du midy au chemin
dElincourt à Collery; 8 mencaudées 2 pintes sont occupées par Quentin-Joseph
Claisse (à notre époque Placide Claisse, puis Caille), les autres par Martin
Leducq " (actuellement la famille Drecq).
Au n° 4, " 33 mencaudées tenant
dune lizière aux terres de labbaye de Saint-Obert, dautre lizière
dOcccident aux terres de Me de La Place, dun bout du midy aux mêmes terres de
Cantimpré et à 14 mencaudées du Chapitre Saint-Géry de Cambrai, dautre bout au
Nord au Buisson Jacquo, terres de M. de La Place. Quentin-Jh. Claisse en occupe 16
mencaudées 10 pintes et demie, Martin Le Ducq 16 mencaudées 10 pintes et
demie. " On a reconnu les terres du Riot Martin vers Sorval, occupées avant
1914 par Claisse, Wargniez, Drecq, Estevez, etc...
Au n° 6, " 14 mencaudées tenant
dune lizière aux terres de la même abbaye n° 7 du répertoire occupées par
Toussaint Wasson, dun bout dOcccident au territoire dElincourt,
dautre bout à la fourche des rio dOrient. Quentin-Jh. claisse en occupe 7
mencaudées, Martin Leducq les 7 autres. " Ce sont les " sept Jean
Leducq ", encore ainsi dénommés.
Le n° 8 comporte " 62 mencaudées
24 verges, tenant dune lizière au chemin dElincourt à Collery, dautre
dOccident à 16 mencaudées de la même abbaye, occupées par Toussaint Wasson n° 5
du répertoire, aux 14 mencaudées précédentes n° 6, à 4 mencaudées du Chapitre
Saint-Géry, du bout du midy à 16 mencaudées de la même abbaye n° 9 occupées par
Toussaint Wasson et à 16 mencaudées de labbaye de Saint-Obert occupées par
Nicolas Mairesse, de Clary ".
Quentin-Joseph Claisse en occupe 31
mencaudées 12 verges, y compris lenclos de la ferme de Vurtevant (sic).
Cest la maison Caille-Claisse actuelle.
Martin Leducq occupe les autres 31
mencaudées 12 verges. On a reconnu facilement les terres des fermes dHurtevent.
A la fin du répertoire, " Joseph
Méresse de Collery 3 mencaudées n° 11, Martin Leducq de Caullery n° 3, 8 mencaudées
87 verges, n° 4, 16 mencaudées 85 verges, n° 6, 7 mencaudées, n° 8, 31 mencaudées 11
verges, au total, 64 mencaudées 64 verges. Pierre-François Delbar de Collery n° 10, 31
mencaudées 29 verges. Pierre-François Delbar de Collery n° 10, 31 mencaudées 29
verges, au n° 12, 5 mencaudées 25 verges ; au total, 36 mencaudées 54 verges, ce qui
fait un ensemble général dun peu plus de 100 mencaudées. Le bail concédé le 28
mai 1771 par labbaye de Cantimpré à Pierre Delbart, fermier à Caullery,
" pour 9 ans au rendage de 37 mencauds 8 pintes de bled à la
Saint-Rémy ", fait mention de 36 mencaudées 54 verges en deux pièces, dont
lune est de 31 mencaudées 29 verges tenant à la veuve Pierre Bonneville, de
Caullery, et à 16 mencaudées de labbaye de Saint-Aubert occipées par Nicolas
Mairesse, de Clary (A.D.N. 37 H 189). Au bail consenti le 26 juillet 1774 par messire
Ildefonse Deglarges, abbé de Cantimpré, à Jean-Louis Mairesse de Collery, acceptant,
par Henry Mairesse, son neveu, les 3 mencaudées de terre louées par lui, pour 9 ans, à
raison de 3 mencauds de bled et 10 patars de Royaume à la Saint-Rémy, tiennent aux 5
mencaudées occipées par Pierre-Philippe (sic) Delbarre, dun bout à 1
mencaudée dEtienne Mairesse, dautre lizière à 7 mencaudées occupées par
Pierre-Henry Mairesse (terres du Chapitre Notre-Dame), " dautre bout au
chemin menant de Collery à Elincourt " (A.D.N. 37 H 189).
Il faut rappeler que cétait
" à Pierre-Philippe Delbar, fermier à Collerie " (père de
Pierre-François), que, le 26 janvier 1754, messire Ildefonse Dufour, abbé de Notre-Dame
de Cantimpré, concédait les 36 mencaudées 54 verges en deux pièces audit terroir, pour
9 ans, à charge de livrer chaque année 32 mencauds de blé rendus à Cambray, à la
mesure de la ville, dans les greniers de labbaye à la Saint-André proche 1754,
payer en plus 15 patars de Royaume et faire une corvée.
Au commencement du XVIIIe siècle, les
enfants de Nicolas Mairesse et de Mary Leducq se partageaient les quelques 60 ou 70
mencaudées de terres quils avaient héritées ou acquises de leurs deniers. Ce
devait être, après les abbayes et la seigneurie du Sartel, mais de loint, les plus
importants propriétaires sur le terroir de Caullery.
Si, au cadastre de 1811, la veuve
Mairesse-Sellier est encore, on le sait, le plus important des propriétaires, si Jacques
Delbart possède encore au moins 5 hectares 68 ares 40 centiares, au n° 326 vers
Hurtevent, par contre, vers 1854, dans le classement nouveau des revenus imposables des
terres, Danjoux-Mairesse est imposé pour 6 hectares 50 ares 3 centiares, Charles Dolez
pour 9 hectares 63 ares 66 centiares, Jean-Baptiste Happe pour 6 hectares 67 ares 85
centiares, Jésus-Jean-Baptiste Ramette pour 4 hectares 65 ares 97 centiares,
Pierre-Joseph Wargniez pour 8 hectares 10 ares 95 centiares, Henri Piettre Bourlet pour 14
hectares 69 ares 7 centiares. Depuis, les terres ont encore changé en partie de
possesseurs, mais ce nest plus lhistoire du passé, cest le domaine du
présent que chacun peut connaître.
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