XIIIe SIÈCLE

Gobert DE CAULLERY, en 1218, chevalier avec le consentement de sa femme Béatrice, l’assentiment d’Adam son frère, de Jehan de Haucourt suzerain du fief, de Jehan de Deheries, Jehan de Wambaix, Jean Creton DE CAULLERY, Gilles DE CAULLERY, de Symon de Hainaut, hommes de Jehan de Haucourt, Bauduin de Guenencourt, Ingelrand de Bantignies, Godefroy de Cusviler, pairs du sire de Haucourt, vendre à l’abbaye de Cantimpré un bois situé près de la terre d’Iries, qui appartient à la même abbaye.

Ce fief, entre ses quatre bornes, contient sept muids et trois boistellées cambrésiennes à la mesure de Baudival ; par trois fois, Gobert et sa femme, en l’abbaye de Saint-Aubert, où se fait le contrat (A.D.N. 3 H 58/758), en présence de Hugues, abbé de St-Sépulcre, d’Amaury, abbé de St-Géry, et des chanoines de la Cathédrale, reconnaissaient qu’ils n’ont plus aucun droit, ni leurs héritiers, sur cette terre appelée bois de Ruaucourt. Ce bois est appelé Rancourt actuellement. Or, il se trouve que Béatrice, la femme de Gobert, possède en douaire, c’est-à-dire en viager, la moitié de ce bois ; pour accepter la vente, elle consent que ce douaire ou dot soit assigné sur quatre muids (84 mencaudées) de terres qui font l’équivalence, situées à Cattentières et que Gobert DE CAULLERY tient en fief de son père Adam. Béatrice, par serment, jure qu’elle accepte cette transaction, qu’elle n’inquiètera plus l’abbaye de Cantimpré parce que légitimement et aquitablement récompensée ; les hommes de fief de cette terre, Jehan de Taviaumès, Jehan de Déhéries, Gérard de Havai, Gilles DE CAULLERY, jurent que tout cela est légal, et le seigneur de ces quatre muids, Adam DE CAULLERY, accorde son approbation. Il y a dans cette charte la mention d’Adam et Gobert DE CAULLERY, qui sont dits frères, de Gilles leur frère aussi, et de Jehan Creton DE CAULLERY, qui porte ce nom parce qu’il est marié avec Alix DE CAULLERY.

Cet acte de vente, bien que fait dans les formes légales et solennelles de l’époque, fut cependant contesté par l’abbaye de Saint-André du Cateau, parce que ce bois de Ruaucourt se trouvait dans les limites de la paroisse de Maretz, dont elle avait le droit de patronat, c’est-à-dire la nomination du curé et la perception de l’Evêque, seigneur suzerain en tant que comte du Cambrésis, à qui elle avait porté plainte, rendit le 12 février 1218 une sentence qui proclamait que le contrat avait été passé légalement et que les prétentions de l’abbaye de Saint-André étaient sans fondement (A.D.N. 37 H 99/598) ; les témoins avaient été formels ; cependant, comme Saint-André avait fait appel de la sentence auprès de la Cour de Rome, Jacques de Béthune, l’official, pour éviter une longue attente, demandait aux deux parties de comparaître devant lui le dimanche où l’on chante Jubilate, afin de mettre terme à ce nouvel appel.

De plus, le 10 septembre suivant (A.D.N. 37 H 541), Jacques de Béthune fait savoir que Gobert DE CAULLERY, chevalier, lui a fait serment d’avoir reçu pleine solution du prix de la vente du bois de Ruaucourt qu’il avait faite à l’abbaye de Cantimpré et de la garantir avant la Purification de la Vièrge contre toute attaque en justice, à peine de vingt livres parisis pour cette église s’il ne donnait pas cette garantie. Ensuite, Adam DE CAULLERY, Jean de Thaviaumès et Sygérius, son fils chevalier, se constituaient ses cautions ; l’abbaye de Cantimpré pouvait réclamer de chacun d’eux la somme de vingt livres si Gobert était défaillant. De plus, celui-ci s’engageait de faire ratifier la vente du bois dont la moitié avait été sa dot ; Gobert, comme Adam, Jean et Sygerius, qui s’étaient constitués ses pleiges ou cautions, paieraient la somme de vingt livres si cet acte de renonciation de Béatrice n’était pas faite.

Sur ces entrefaites, en août de la même année, Adam DE CAULLERY, chevalier, avec Alard, fermier de Selvigny, avaient été témoins au château de l’Evêque par Gilles, seigneur de Berlaimont, et sa femme Helvide, de la terre qu’ils possédaient à le Mote, en faveur de l’abbaye de Fesmy (Le Carpentier, p. 26, partie IV).

Il faut croire que l’acte de renonciation de Béatrice fut aussi contesté, car, le 10 novembre 1224 (A.D.N. 37 H 99/543), Jacques de Béthune devait encore faire le témoignage écrit de Béatrice, veuve de Gobert, chevalier DE CAULLERY, avait reconnu devant lui qu’elle avait librement consenti à la vente faite à l’Eglise de Cantimpré par Gobert DE CAULLERY, son mari, de son bois de Ruaucourt, dont elle était propriétaire de la moitié par sa dot. Elle avait reçu en échange, à titre de douaire, quatre muids de terres sur Cattentières, compensation suffisante pour la moitié de ce bois dont elle ne contesterait jamais à l’abbaye de Cantimpré ni le fonds, ni l’hérédité.

Cependant, en juin 1225, Jacques de Béthune devait encore mettre terme au procès que l’abbaye Saint-André du Cateau faisait cette fois à Adam DE CAULLERY.

Celui-ci, en effet, possédait à Montigny une terre pour laquelle il devait chaque année à l’abbaye deux mencauds d’avoine. Comme sans doute, pendant le procès intenté à son frère, il avait négligé d’acquitter cette dette, l’abbaye l’attaquait devant l’official. Et, devant notaire, Adam reconnut en effet que l’abbaye avait droit à cette redevance sur la terre dont il était propriétaire à Montigny et que désormais il la fournirait.

Comme le maire de Montigny, chargé par Adam de percevoir pour lui ses revenus, était aussi attaqué par l’abbaye, il fut, sur sa promesse d’observer cette reconnaissance, acquitté par l’Eglise Saint-André de toute poursuite quant à ce qui le regardait.

Dans ces actes, Adam apparaît comme l’aîné de la maison DE CAULLERY, les autres sont ses hommes.

C’est en cette qualité de sire DE CAULLERY, comme homme vassal direct de l’Evêque, qu’il atteste à ce dernier le 15 février 1229 (A.D.N. 32 H 5/26), au Cateau-Cambrésis, qu’il a consenti à la donation faite par Raoul de Senencourt, chevalier, son homme, et sa femme Adeline, à l’abbaye de Notre-Dame de Fontennel (Maing, près de Valenciennes) d’un mans (manoir) libre et de trois muids de terres (48 mencaudées) sis à Cattenières, qui étaient fiefs tenus de lui. Cette vente ou donation faite par Raoul de Senencourt avait été faite en présence de ses pairs, sygier de Frenesces (Caudry), Gérard de Hainau et Gilles, féodatus (fiévé) DE CAULLERY. En outre de cette attestation, Adam DE CAULLERY, pour le salut de son âme et de celles de ses ancêtres, abandonne à l’Eglise de Fontennelle tout le droit féodal qui lui avait été rapporté pour le posséder à jamais sans discussion. C’est devant ses pairs cambrésiens, Mathieu de Helle, Jehan de Croisilles, Adam d’Audencourt, Gautier de Bousies, Bauduin Roisin, Grehet de Chevergni (Selvigny), que l’acte de reconnaissance fait par Adam DE CAULLERY est scellé du sceau de l’Evêque. C’est sans doute lui qui signe un accord avec Willart de Ligny, en 1241, au sujet du terrage de Caullery c’est-à-dire d’un impôt foncier ; mais cette mention, extraite des Archives Historiques et Littéraires du Nord de la France (3° série, tome IV, Valenciennes 1854), parle du seigneur DE CAULLERY sans plus.

En 1237, en tout cas, c’est son frère, Gilles DE CAULLERY, qui, du consentement de Fressende, sa femme, avec l’accord d’Arnould de Landa, dont ils est l’homme, cède à l’abbaye de Saint-Aubert huit muids et demi (136 mencaudées) de bois et terres qu’il possède et tient en fief du seigneur d’Esnes sur la paroisse et le territoire de Selvigny, à condition de l’essarter et jusqu’à ce qu’il ait reçu de tout le bois défriché quatre avoines et du blé. Quand la terre sera essartée, l’abbaye de Saint-Aubert aura la dîme et tout le terrage à perpétuité suivant les anciennes coutumes. C’est ainsi qu’a commencé sans doute le défrichement de ce bois de Saint-Aubert dont le dernier lambeau a disparu à la guerre de 1914.

Gilles et sa femme promettent par serment de garantir cette convention et de la fiare garantir par Arnould de Landas contre tous ceux qui, par la suite, la remettraient en cause. Arnould le fait bien volontiers devant ses hommes au mois de novembre, en spécifiant qu’il n’a fait aucune assignation sur cette terre et ce bois et que l’abbaye en a été assignée par lui avant tous autres. Vers 1250, Le Carpentier (pp. 111 et 334) place le mariage de Jean DE CAULLERY, fils du seigneur DE CAULLERY, avec Adèle de Buillemont.

En 1262, au mois de juin, M. de Sars, official de Cambrai, fait savoir (A.D.N. 37 H 38/193) qu’une certaine marie, dite de Lille, béguine (les béguines, à cette époque, étaient des pieuses femmes qui, sans se soumette aux obligations monastiques, vivaient en commun avec renoncement tout en conservant de quoi vivre), a donné en aumône perpétuelle, à viager, comme donation entre vifs, quatre mencaudées de terres sises sur le territoire de Caullery à l’abbaye de Cantimpré. Cette terre, qui se trouve entre le champ de Roger d’un côté et auprès du champ d’Iries, Marie l’a achetée d’Adam, dit Papelaart ( les Papelart étaient une famille patricienne de Cambrai), et peut en faire ce qu’elle voulait ; elle se la réserve sa vie durant et en possédera toutes les récoltes ou fermages.

Le terroir de Caullery, on le sait, s’étendait vers Iries, mais ses seigneurs avaient des terres sur le terroir de Selvigny. C’est ainsi qu’en mai 1265, quelque temps sans doute après la mort de Gilles DE CAULLERY, son fils Louis, avec le consentement d’Usilie, sa femme, de Fressende, sa mère dite Penthecoute, qui s’est remariée avec Hugues de Boussoit, chevalier, vend par nécessité, à l’abbaye de Saint-Aubert, pour 304 livres tournois bien comptées, cinq muids de terres mesure de Cambrai, soit 80 mencaudées. C’est une terre qu’il a héritée de son père, en une seule pièce, au terroir de Selvingy, joignant le Gard du seigneur de Walincourt, et qu’il tient en fief de Gérard de Landast (d’Esnes), seigneur de Cauroir. On sait que le bois du Gard se trouve à l’Ouest de Sorval, au-delà du chemin de Selvigny à Elincourt par rapport à Sorval.

Gérard de Landast consent à cette vente à laquelle il est présent, ainsi que ses hommes, pairs de Louis, à savoir Jacques dit Boulanger, Jehan Le Wernot, Gilles dit Mabus, Thomas Picot et Roger dit Le Gai. L’acte se fait en la curie épiscopale, dont le sceau lui donne la validité nécessaire. De plus, Gérard abandonne à l’abbaye de Saint-Aubert le droit de haute justice qu’il pouvait avoir sur cette terre. Usilie, la femme de Louis, déclare aussi n’avoir jamais été viagère de ce bien. Quant à Fressende, la mère de Louis, elle renonce à la dot ou douaire qu’elle avait sur cette terre, cela avec le consentement de son mari ? parce qu’elle a reçu ailleurs en échange une compensation suffisante.

C’est sans doute en mai 1265 que s’était faite cette compensation, lorsque Louis DE CAULLERY, avec Usilie sa femme (Le Carpentier, p. 389, part. III), acheta du même Gérard de Landast, seigneur d’Esnes et de Cauroir, en présence de Gérard de Walincourt et des hommes de fief pairs de Louis, déjà cités, certaines terres qui ne sont pas désignées.

En 1266, Louis DE CAULLERY est présent à l’acte solennel fait par l’Evêque Nicolas, en son palais, le 15 septembre, de la vente faite par Guy de Pellicorne, seigneur de Duri, devant le bailli de Cambrésis, Jean de Hertaing, de &- mencaudées de terres sises à Moeuvres à Gérard de Landast, pair d’Esnes (Le Carpentier, p. IV, p. 31). En qualité de seigneur suzerain, en février 1269, Luis DE CAULLERY fait la reconnaissance solennelle de la vente faite avec son consentement et celui de ses hommes de trois muids de terre à Selvigny (48 mencaudées) que fait Jean Creton, son homme, et Eremberge, sa femme, à l’abbaye de Saint-Aubert. Jean Creton avait sans doute hérité cette terre d’Alix DE CAULLERY, sa mère, et l’abbaye de Saint-Aubert agrandissait son territoire avec les terres des sires DE CAULLERY. Le Carpentier, qui a vu le sceau à trois écussons chargés d’un lion, donne seulement un extrait de cette charte (partie IV, p. 31).

La même année, Louis DE CAULLERY approuve encore la vente faite au profit de l’abbaye de Cantimpré, cette fois par Thomas de Rabeskiel, de 54 mencaudées de terres en deux pièces au terroir de Caullery, dont 40 sont près de la voie de Clary à Maretz, par devers le bois de Glategnies et neuf sont seans d’autre part levoie devant dite par devers priés (priés = village) et pour prix de son agrément reçoit de l’Eglise de Cantimpré cent sous parisi et un muid d’avoine à plain (16 mencauds). Il promet d’ailleurs de ne pas inquiéter l’abbaye au sujet de cet achat et spécifie que la dite tière est en fourke, que " la tière devant nommé est séans ou terroir devant dit et d’en costé de le voie devant dite et au lieu con dist au Sarl Creton ". S’agit-il de la terre vendue par Creton ? On voit cependant que le terroir de Caullery débordait loin des limites actuelles. Les hommes de fief, Renaud de Beaumont, Jehan de la Sotière, Alain de Duri et Jehan Heugot, sont présents à cet acte qu’il scelle de son sceau, qui existe encore aux Archives Départementales, mais où l’on voit une étoile à quatre branches entre les trois petits écussons. Cette sorte de brisure dans les armes peut faire dire que Louis DE CAULLERY n’était pas de la branche aînée, qui semble avoir été représentée par Adam, frère de Gobert (A.D.N. 37 H 78.472 ; voir photo du sceau de Louis, sire de Caullery, 1269).

En janvier 1273, Louis DE CAULLERY entérinait un autre démembrement de son fief devant l’official de Cambrai. Renaud de Beaumont et sa femme Aude tenaient de Louis DE CAULLERY, en fief, un mans ou domaine de culture à Caullery, comportant, en terres, cinq mencaudées à la vallée Godefroy, vingt-huit mencaudées au long de Robaut Caisne, de l’autre côté du chemin cinq mencaudées, treize mencaudées tenant au ploich, c’est-à-dire au village, dix mencaudées au camp Martin, près du moulin de Caullery deux mencaudées et demie, trois mencaudées et demie à la limite de Selvigny, à la vallée de Selvigny quatre mencaudées et demie, près d’Avesnes sept mencaudées, et au ploich de Caullery, au village même, sept mencaudées, soit en tout quatre-vingt-cinq mencaudées et demie.

Louis DE CAULLERY, devant ses hommes pairs de Renaud de Beaumont, abandonne tous ses droits sur ce mans et concède à Renaud la faculté de faire relever cette terre de qui il voudra et de lui prêter hommage.

Renaud et sa femme, devant les hommes de l’abbaye de Saint-Aubert, désormais ses pairs, reconnaît à l’abbaye de Saint-Aubert qu’ils tiennent désormais d’elle en fief cette terre et lui doivent hommage demi-lige et s’engagent à faire respecter cette convention par leurs héritiers ou successeurs (A.D.N. 36 H 169), convention dont l’official de Cambrai fait un acte solennel.

La dernière moitié du XIIIe siècle est remarquable par la diminution très sensible de la propriété des sires DE CAULLERY ; non seulement il y avait de nombreux fils, mais aussi des filles. Les dots qui leur étaient attribuées passaient ainsi en d’autres familles, lorsqu’elles n’étaient pas vendues après quelques générations. Comme cette Gilotte DE CAULLERY, mariée vers 1250 à Adam Godin, des seigneur de Hordain, lui-même seigneur d’Hersin-en-Ostrevant, et dont l’héritage sera vendu en 1356 par son arrière-petit-fils Jean Godinet. Isabeau DE CAULLERY, que Le Carpentier (partie III, p. 509) mentionne veuve en 1302 de Watier de Flavigny, qui avait dissipé son bien par son oisiveté et ses achats inconsidérés de futilités dont elle ne put tirer partie, ou de pierreries qu’elle donna à l’abbaye de Saint-Aubert. Mélissende DE CAULLERY, mariée vers 1256 avec Hugues Flamand, seigneur de Crupilly, à Pailencourt ; Alix ou Helvide DE CAULLERY, fille de Gilles, morte en 1271, épouse de Gérard de Hertaing ; Renée DE CAULLERY, mariée vers 1250 à Watier de la Saulx (Saulx-lez-Roeulx).

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